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10 mars 2013 : Disparition de Jacques Dupont

Avec son patronyme courant, le cinéaste aventurier Jacques Dupont est très peu connu et sciemment mis de côté en raison de ses opinions et de son activisme politique durant les années 1950-1960. Retour donc sur un cinéaste atypique qui travailla avec Joseph Kessel, Henri de Turenne, Daniel Costelle et qui fut l’ami de Pierre Schoedoerffer.
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Jacques Dupont voit le jour dans une famille plutôt modeste à Ruelle-sur-Touvre en Charente, non loin d’Angoulême. Bon élève, il obtient une bourse qui lui permet d’entrer au Lycée Henri IV. Là, il fréquente des
étudiants maurrassiens militant à l’Action Française. Jacques Dupont restera toujours attaché à un idéal monarchiste.

Le 11 novembre 1940, il participe à la grande manifestation des étudiants français sur la Place de l’étoile, ce qui lui vaut plusieurs jours d’incarcération à la Santé. Libéré, il reprend ses études avant de tenter rejoindre les Forces Françaises Libres en traversant l’Espagne. Après avoir traversé la France dans des conditions dignes d’un roman, Dupont et ses camarades sont pris de l’autre côté des Pyrénées par la Guardia Civil espagnole et incarcérés. devant leur libération grâce à l’intervention du Consul de France à Madrid, ils sont refoulés en France.
Jacques Dupont reprend alors ses études pour devenir Administrateur Colonial et entre l’IDHEC dont il sort major. En 1944, il s’engage dans la Ire Armée du Général de Lattre de Tassigny et participe aux combats d’Alsace et d’Allemagne.

– Après la guerre, il est happé par sa vocation, celle de devenir cinéaste. Conciliant cette passion avec son grand intérêt pour l’aventure, il part en AEF réaliser un premier film documentaire intitulé « Les Pygmées de la Grande forêt ». En 1951, il part pour la Corée afin de suivre le Bataillon Français de l’ONU dans les combats contre les Communistes. Il en retire « Crèvecoeur » au début duquel le Lieutenant-Colonel Monclar fait une allocution. En 1955, il part pour l’Afghanistan dans des conditions romanesques, avec son ami Pierre Schoendoerffer, Joseph Kessel et Raoul Coutard pour tourner « La passe du diable », film à la lisière de la fiction et du documentaire sur les traditions des cavaliers des tribus afghanes.
Il se lance ensuite dans le cinéma indépendant en faisant tourner Jean-Paul Belmondo dans « Les distractions », film policier qui n’aura que peu de succès. Prenant ensuite fait et cause pour l’Algérie Française, Jacques Dupont s’engage dans le Complot de Paris mené par le Général Jacques Faure, ancien commandant du 1er Régiment de Chasseurs Parachutistes dans les Vosges en 1944. Il connaît une nouvelle fois l’incarcération à la Santé (où il rencontre un certain Dominique Venner) puis au camp de Saint-Maurice-l’Ardoise dans le Gard. Son fils Jean-Jacques, combattant en Algérie, rejoint lui aussi l’OAS et se retrouve enfermé sur l’Île de Ré.

– Libéré dans les années 1960, il retourne à la réalisation de documentaires avec la guerre comme thématique principale. Il travaille donc avec Henri de Turenne, avec qui il partage l’expérience de la Guerre de Corée* et Daniel Costelle pour réaliser plusieurs feuilletons de la série à succès « Les grandes batailles du passé » qui alliaient narration, explications, reconstitutions et témoignages.

– Avec l’arrivée au pouvoir de François Mitterrand, Jacques Dupont se fait un temps oublier en raison de l’aversion qu’il éprouve pour le Parti Socialiste avant de se relancer dans la réalisation de plusieurs documentaires historiques, ouvertement de droite, comme une défiance à la culture dominante. Il réalise ainsi plusieurs feuilletons sur Honoré d’Estienne d’Orves, l’Abbé Franz Stock, les Guerres de Vendée (« Les Vendéens »), les Guerres Carlistes (jamais achevé) et aussi le « Cycle du millénaire » en 1987, pour France 3, une série sur les Rois de France afin de commémorer le sacre de Hugues Capet.

– Durant les années 1990, Jacques Dupont se retire à Crozon où il se consacre à l’écriture.Ce rebelle de droite, profondément attaché à la France et à son histoire, s’est éteint le 10 mars 2013 en Bretagne.

* Correspondant de Guerre, Henri de Turenne avait suivi le débarquement des Marines à Incheon en septembre 1950.

Lien :
Les Grandes batailles du passé. La Bataille de la Marne :