Vous êtes ici : France Histoire Esperance » Histoire » 18 juin 1694 : Victoire de Vauban à Camaret

18 juin 1694 : Victoire de Vauban à Camaret

Après la victoire de l’Amiral de Tourville à Lagos (1693), le Roi Soleil décide de porter le gros des opérations navales en Espagne et ordonne à la Flotte du Ponant de quitter Brest pour la Catalogne. Du côté anglo-hollandais, on tente de profiter du désengagement naval français en Bretagne pour affaiblir le dispositif défensif français dans cette région.
camaret-la-tour-Vauban
Ainsi, l’Amiral John Berkeley rassemble à Portsmouth une flotte importante, comprenant 36 vaisseaux de ligne anglais et hollandais, 80 vaisseaux de transport ainsi que 12 galiotes à bombe, dans le but de s’emparer et incendier le port de Brest, vidé de sa flotte partie pour la Catalogne. Les Anglais prévoient un assaut naval comme un débarquement de fantassins et de cavaliers sous le commandement de John Talmash.

Mais depuis plusieurs années, Jean-Sébastien Le Prestre de Vauban, Inspecteur Général des Fortifications du Royaume, a compris que pour protéger l’accès à Brest il faut fortifier l’anse de Camaret qui borde le nord de la Presqu’île de Crozon. Ainsi, depuis 1685, Vauban a ordonné la construction d’une forte tour qui porte aujourd’hui son nom, à Camaret même. Elle est en voie d’achèvement quand les Anglais décident de monter leur opération navale.

Informé par des espions des intentions ennemies, Louis XIV écrit à Vauban le 1er mai 1694 : « Je m’en remets à vous de placer des troupes où vous jugerez à propos, soit pour empêcher la descente, soit que les ennemis fassent le siège de la place de Brest. L’emploi que je vous donner est un des plus considérables par rapport au bien de mon service et de mon royaume ». Trois semaines plus tard, Louis XIV indique à son grand ingénieur que se sont 12 Bataillons d’Infanterie (Foot) et 2 de Marine (Royal Marines) qui s’apprêtent à débarquer dans l’Ouest de la Basse-Bretagne. Aussi, Vauban reçoit le « Commandement suprême de toutes les forces de terre et mer en Province de Bretagne », ainsi que le renfort de 1 Régiment de Dragons, 1 de Cavalerie et de 6 Bataillons de Fantassins qui viennent s’ajouter aux 1 300 hommes, ainsi qu’aux 282 canons et mortiers de la garnison de Brest. Vauban arrive en Bretagne le 23 mai après une chevauchée épuisante. Mais ne perdant pas de temps, il passe près d’une semaine à inspecter les côtes et ordonne le renforcement de la défense des baies de Douarnenez et de Camaret par des redoutes et des retranchements.

Le 1er juin 1694, la flotte de Berkeley appareille de Portsmouth et met plus de deux semaines à traverser la Manche, laissant le temps aux Français de mieux renforcer leur défense. Le 17 juin, elle se présente devant Crozon entre Bertheaume et Le Toulinguet. Le Contre-Amiral Lord Peregrine Osborne Marquis de Carmarthen débarque alors accompagné d’une petite troupe pour inspecter les défenses françaises. Il remarque alors avec stupéfaction qu’elles sont plus fortes que prévu. Revenu à bord du vaisseau amiral, Carmarthen expose ses craintes mais Berkeley et Talmash estiment qu’il exagère le danger et maintiennent le débarquement pour le lendemain. Le 18 juin donc, sous les yeux de Vauban qui se trouve de l’autre côté du goulet, se sont 400 marins anglais seront tués

Si l’on en croit Vauban lui-même, les échanges de tirs entre Français et Anglo-Hollandais durent près de deux heures. Ensuite les 1 300 hommes de Talmash tentent de débarquer sur la plage de Trez-Rouz mais se font repousser par les tirs nourris des milices bretonnes, laissant 700 à 800 cadavres sur le sable et dans les flots. 496 hommes tombent aux mains des Miliciens Garde-Côtes de Tanguy Le Gentil de Quelern. Aux dires du Lieutenant-Général (qui n’a pu être présent à Trez-Rouz en raison de la rapidité de l’assaut anglais), ces milices bretonnes pourtant mal armées et mal vêtues, ont fait une belle impression pour la journée. Les Français ne déplorent qu’un peu plus de 40 blessé dont l’Ingénieur Traverse, second de Vauban.

L’échec anglais est total. Mais dans une lettre au Marquis de Pontchartrain, Vauban admettra que le plan ennemi était « bien pensé mais mal exécuté ».

Source :
– http://www.patrimoine.region-bretagne.fr