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26 juillet 1340 : Victoire ou «Besoignerie» de Saint-Omer

Edouard_III_et_Robert_III_d'Artois

Edouard III d’Angleterre et Robert III d’Artois

Nous sommes là à la troisième-quatrième année de la Guerre de Cent Ans. Le Roi de France Philippe VI de Valois vient de perdre sa flotte à la bataille de l’Écluse face à Édouard III Plantagenêt. Peu après les Flamands menés par Jacob (Jacques) van Altewerde s’allient à Édouard III après avoir renversé le Comte de Flandre Louis Ier, vassal du Roi de France.
Les Flamands trouvent aussi un autre allié, Robert III d’Artois, puissant seigneur du Royaume de France qui a rejoint la cause d’Édouard III.

Le Roi d’Angleterre demande alors à Robert d’Artois de s’emparer de Saint-Omer avec 1 000 hommes d’armes anglais et 10 000 Flamands. Selon le chroniqueur Jehan Froissart, ces Flamands proviennent des milices levés à Popringhe, Messines, Ypres et dans la Châtellenie de Berg.

De son côté, Philippe VI, conscient de la fragilité de ses positions en Flandres dépêche les Sires Jean Ier d’Armagnac et Eudes IV de Bourgogne à Saint-Omer, le temps de rassembler environ 25 000 hommes d’armes.
Les deux Capitaines s’enferment donc dans Saint-Omer que Robert pense occupé – en partie – par des Flamands, ce qui est faux. En revanche, Froissart nous dit que « se trouvaient par devant Saint-Omer le Dauphin Compte d’Auvergne, le Sire de Mercoeur, le Sire de Chalençon, le Sire de Montagu, le Sire de Rochefort, le Vicomte de Thouars et plusieurs autres Chevaliers d’Auvergne et du Limousin  ».

Intelligemment et sachant que le temps joue pour eux, les Sires d’Armagnacs et de Bourgogne savent que leur Souverain arrive vers Saint-Omer et décident de ne pas risquer de lancer une sortie, préférant rester à l’abri des murailles.

Seulement, plusieurs de leurs lieutenants jugeant qu’une telle attitude n’est pas digne de la Chevalerie décident de charger l’aile gauche de Robert d’Artois à quatre-cents. Malheureusement, l’assaut est repoussé grâce à des barricades. Seulement, les miliciens d’Ypres commettent l’erreur de se lancer à la poursuite des Français et se retrouvent dans un champ entièrement nu. Les Chevaliers Français tournent alors brident et se jettent dans une furieuse mêlée.

Eudes de Bourgogne et Jehan d’Armagnac conviennent que le moment est venu de lancer la sortie. Bourgogne attaque le centre et Armagnac le flanc gauche déjà affaibli. Aux dires de Froissart, chargeant au cri de « Clermont ! Clermont ! Au Dauphin ! Auvergne ! », les Chevaliers français bousculent le flanc gauche d’Artois et entrent dans le campement ennemi. S’ensuit alors un véritable carnage, les français « tuant par monceaux et troupeaux » (Froissart) et s’employant à piller le camp flamand. Malheureusement, les capitaines français ne rassemblement leurs troupes qui auraient pu prendre le Sire d’Artois à revers.

Au centre, Jehan d’Armagnac a reprend les choses en main et place ses piétons et flamands face au gros des forces d’Artois. Malgré une bonne discipline et un tir d’arbalètes bien réglé des Français, les Flamands avancent irrésistiblement vers Saint-Omer et repoussent les Français dans les faubourgs ou s’engage une autre mêlée. Finalement, Eudes de Bourgogne se replie avec ses gens à l’intérieur. Toutefois, Robert d’Artois n’est pas encore conscient du carnage qui vient de se produire dans son campement. Ses forces étant épuisées, Robert décide de se retirer vers son campement et c’est là qu’il découvre le désastre laissé par Jehan d’Armagnac. Flamands et français s’affrontent encore en petits groupes pendant la nuit mais la situation n’évolue pas.

Après avoir découvert le massacre, Robert d’Artois décide de quitter les approches de Saint-Omer avant l’arrivée du Roi de France. Les Flamands se retirent en bon ordre pour rejoindre le Roi d’Angleterre.

Quoique bien engagée, la bataille de Saint-Omer aurait pu être une victoire totale des Français si Jehan d’Armagnac avait pu maintenir la cohésion des ses hommes. Ainsi, l’équilibre des forces entre les Valois et les Plantagenêts est maintenu jusqu’à Crécy.

Sources :
FROISSART Jehan : Les Grandes Chroniques de France
FAVIER Jean : La Guerre de Cent Ans, Fayard