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31 mai 1809 : Mort du Maréchal Jean Lannes à Essling

Avec Davout et Suchet, il fut l’un des seuls Maréchaux d’Empire restés invaincu et demeure sans conteste l’un des plus grands chefs de la Grande Armée. Connu pour sa fougue qui lui venait de ses profondes racines gasconnes et reconnu pour ses qualités de tacticiens et de manœuvrier, Jean Lannes représente aussi l’archétype du général parti de rien et qui a forgé son ascension par l’acier du sabre.  Il était surnommé « le Roland de l’Armée d’Italie ».

Né à Lectoure le 10 avril 1769 (quatre mois et cinq jours avant Napoléon), fils d’un petit marchand (trafiqueur), il rejoint la Garde Nationale en 1792 puis le 2nd Bataillon des Volontaires du Gers. Il est promu sous-lieutenant la même année.
De 1793 à 1795, il combat avec vaillance les Espagnols dans le Roussillon (rebaptisé Pyrénées-Orientales), qu’il repousse au Col de Coustouge, Portvendres, Banyuls et Villelongue au prix d’une blessure.

En 1796, il participe à la première campagne d’Italie comme simple soldat. Il se distingue à Dego (15 avril 1796) où il rencontre le Général Bonaparte qui le remarque pour sa fougue et le promeut… Général de Brigade. Les deux militaires deviendront vite amis, ce qui n’empêchera jamais le gascon de s’adresser à Napoléon avec un franc-parler que le second trouvera parfois déplaisant. Lannes se distingue ensuite à Arcole contre les Autrichiens où il est blessé. Entre 1798 et 1799, il accompagne Napoléon en Egypte et combat à El-Arich, Jaffa et Saint-Jean d’Acre où il est encore blessé. Après Aboukir, Jean Lannes rembarque avec Bonaparte afin de participer au Coup d’Etat du 18 Brumaire.
En 1800, il participe à la Seconde Campagne d’Italie, s’empare d’Aoste et bat les Autrichiens du Général Peter-Carl Ott à Montebello le 9 juin. Cinq jours plus tard, il est à Marengo où, placé au centre, il contient l’attaque de Michael von Melas pendant sept heures avant de se replier en bon ordre.
Après la seconde campagne d’Italie, Jean Lannes commande la Garde Consulaire. Alors en plein ascension sociale, Lannes doit organiser de fastueuses et très coûteuses réceptions qui lui attirent très vite un soupçon de détournement de fonds publics. Napoléon Bonaparte alors Premier Consul oblige Lannes à verser 400 000 francs germinal… qu’il doit se faire prêter par Augereau.

De 1802 à 1804, il fait un passage orageux à l’Ambassade de France à Lisbonne en raison des orientations pro-anglaises du Premier Ministre. Lannes était un militaire et non un diplomate, ce qui obligea Bonaparte à le rappeler.

En 1804, il voit sa consécration arriver. En effet, après le Sacre (2 décembre 1804), Napoléon Ier l’élève à la dignité de Maréchal d’Empire, ce qui lui permet d’acheter le Château de Maisons (aujourd’hui Maison-Laffite). Il reçoit le titre de Duc de Montebello quatre ans plus tard, 1808.

En 1804, placé à la tête du 5e Corps (avec Suchet, Nansouty, du Falga, Walther et d’Hautpoul sous ses ordres), il accompagne Napoléon Ier dans les campagnes contre les Autrichiens, les Prussiens et les Russes et participe aux grandes batailles dont Austerlitz et Iéna. Le 10 octobre 1806, à Saalfeld bien épaulé par Suchet, il vainc les Prussiens du Prinz Ludwig-Ferdinand qui trouve la mort à l’issue du combat. Le 26 décembre 1806, à Pultusk (Pologne) le long de la Narew, bien qu’il soit en infériorité numérique, Lannes repousse les Russes de Levin von Benningsen dans de très dures conditions climatiques, ainsi qu’en devant faire face à la combativité des fantassins russes et des Cosaques.

Du 10 au 14 juin 1807, commandant le Corps d’Armées de Réserve, il retrouve Benningsen à Friedland avec 55 800 fantassins et cavaliers à opposer à 84 000 Russes. Renforcé par les 10 000 Dragons de Grouchy, Lannes bat nettement Benningsen au prix de 1 645 tués dans ses rangs contre plus de 12 000 pour les troupes du Tsar Alexandre. Les dragons de Grouchy, les fantassins et cavaliers d’Oudinot ainsi que les Cuirassiers de Nansouty se sont magnifiquement battus faces aux régiments de cavalerie russe, aux Gardes du Tsar et aux Cosaques. En pleine bataille le Maréchal Lannes qui attendait ardemment l’arrivée de Napoléon et du reste de l’Armée, lança cet ordre à son aide de camp : « Crève ton cheval, Saint-Mars, pour rapporter à l’Empereur que c’est l’armée russe tout entière que nous avons sur les bras. »

En avril 1808-1809, aux côtés des Maréchaux de Moncey et Mortier, Jean Lannes participe aux combats contre les insurgés espagnols et mène notamment le dur siège de Saragosse tenue par le général José de Palafox y Melzi.

En 1809, la guerre reprend contre l’Autriche. Le 22 mai, après avoir vu son ami Pouzet tomber à ses côtés, Lannes est blessé d’un boulet de canon. Malgré les soins prodigué par Larrey, chirurgien personnel de l’Empereur, Lannes rend son dernier souffle le 31 mai 1809 à l’âge de quarante ans.
Profondément affecté, l’Empereur écrit une lettre de condoléances à la seconde épouse de Lannes, Louise Guéhéneux, dans laquelle il dit : «  Le Maréchal est mort ce matin des blessures qu’il a reçues au champ d’honneur. Ma peine égale la vôtre. Je perds le Général le plus distingué de mes armées, mon compagnon d’armes depuis seize ans, celui que je considérais comme mon meilleur ami […] ».

Le Maréchal Jean Lannes est inhumé au Panthéon. La promotion Saint-Cyr de 1993-1996 portait son nom.