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9-10 décembre 1710 : Victoires de Brihuega et Villaviciosa

Guerre de Succession d’Espagne. Alors que les troupes françaises du Roi Louis XIV réussissent à contenir les armées alliées après Malplaquet, les forces espagnoles de Philippe V d’Espagne subissent de sérieuses déconvenues face aux anglo-autrichiens.
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Ainsi, en août 1710, après la défaite d’Almenar, les Espagnols doivent
encore évacuer Saragosse et se replier sur Madrid avec 18 000 hommes. Philippe V doit se réfugier à Valladolid pendant que Louis XIV, son oncle, lui envoie une armée de secours commandée par Louis-Joseph de Bourbon Duc Vendôme, un arrière-petit fils naturel d’Henri IV. Ayant permis de reprendre en main l’Armée espagnole, Vendôme se retrouve à la tête de 15 000 hommes.

– Malgré leurs précédentes victoires, les alliés ont perdu beaucoup d’hommes, tués ou victimes de maladies. Le général autrichien Guido Wald von Stahremberg reçoit alors l’ordre de l’Empereur Charles (qui s’est fait couronner Roi d’Espagne à Madrid) de se marcher sur Tolède avec 12 000 hommes,  bientôt suivis par 5 000 Anglo-Hollandais de Lord James Stanhope.

1- Brihuega

– Le 8 décembre, alors que Vendôme cantonne à Guadalajara, Stahremberg dispose ses troupes autrichiennes, allemandes, hollandaises, catalanes et portugaises, entre les Montagnes de Castille et d’Aragon ou plus exactement entre les sources du Hénarès et du Tage. Pendant ce temps, Stanhope ancre ses forces dans la petite place fortifiée de Brihuega.
Avec l’accord de Philippe V, le Duc de Vendôme attaque brutalement Brihuega, profitant que Stahremberg est encore à 25 kilomètres plus à l’est. Le 9 décembre donc, les Grenadiers de la Garde espagnole du Marquis de Valdecanas et les français du Marquis de Thouy, de Gormaz et Rupelmonde lancent l’assaut sur Brihuega mais se font repousser par un feu nourri et compact des Anglais. Le Duc de Vendôme saisit alors un pistolet et se lance lui-même à l’assaut après avoir lancé à Philippe V : « Si ces gens-là tiraient juste, Votre Majesté et moi serions morts ».

Après avoir forcé la porte, Français, Espagnols et Gardes Wallons s’élancent dans la petite ville qui est conquise de haute-lutte après un véritable combat urbain. Finalement, au soir du 9 décembre, Lord Stanhope remet ses armes au Comte d’Aguilar.

2- Villaviciosa

– Pendant ce temps, les Cavaliers du Roi d’Espagne et de Vendôme se tenaient postés dans un froid mordant sur les hauteurs de Villaviciosa face à Stahremberg. Français et Espagnols voient leurs forces disposées comme suit : Infanterie au centre, cavalerie sur les ailes et artillerie sur tout le long de la ligne. Vendôme fait alors creuser des tranchées au centre, mettant lui-même du cœur à l’ouvrage. En voulant inspecter les positions d’artillerie, le Duc de Vendôme faillit recevoir des boulets de canons tirés par les espagnols. Conservant sa contenance, il ordonne à Mathamor commandant l’artillerie de répliquer. « Ces Messieurs viennent de nous saluer, rendons-leur la politesse par une salve générale ».

– Vendôme ordonne ensuite à Mathamor de faire avancer six pièces d’artillerie devant le centre autrichien. Bien disposés par l’espagnol, les six canons trouent les rangs autrichiens. C’est alors le moment que choisit Philippe V pour charger à la tête de sa cavalerie. Repoussant d’abord tout sur leur passage, les cavaliers espagnols mais buttent une première fois sur le centre renforcé de Stahremberg. Toutefois, ils repartent ensuite à l’assaut et s’emparent de plusieurs canons. Stahremberg forme alors un fort carré de       5 000 hommes commandés par le Comte de Mérode. Vendôme lance alors les Gardes Wallones sur le carré mais ils se font repoussés avec d’énormes pertes.
Vendôme se jettent alors rageusement dans la mêlée avec la Cavalerie de la Maison du Roi et la Cavalerie de l’aile gauche mais Stahremberg tient toujours bon. La boucherie s’achève lorsque Philippe V lance une charge sur l’aile droite qui déborde les positions de Stahremberg. Les bataillons portugais et allemands du général autrichien sont entièrement décimées. Pendant ce temps, le Comte de Caylus envahit le camp ennemi et capture quatre-vingt charriots.

– Vendôme et Philippe V demandent alors à Stahremberg de se rendre mais celui-ci profite de l’arrivée salutaire d’un brouillard pour s’enfuir du champ de bataille. Poursuivi par les cavaliers de Bracomonte, il aura beaucoup de mal à atteindre Barcelone. 14 étendards et 54 drapeaux tombent aux mains des Franco-Espagnols. Le Duc de Vendôme fera notamment pavoiser la tente du jeune souverain Bourbon avec plusieurs drapeaux de soie cousus les uns aux autres. Si l’on se reporte à ce que dit Bellerive, lorsque Philippe V se réveillera le lendemain, Vendôme lui dit : « Votre Majesté a dormi dans le plus beau lit où jamais Roi ait couché ! »

– Au niveau des pertes, les Franco-Espagnols ont perdu entre 2 500 et 3 000 tués. Dans l’autre camp, Stahrembeg doit laisser 6 000 cadavres, 3 000 blessés et 3 200 prisonniers, soit presque tout son effectif de départ. Pour le Duc de Vendôme, les Espagnols du petit-fils de Louis XIV ont « en vingt-et-quatre heures, conservé quatorze royaumes ! »
Source :
– http://www.aufildesmotsdelhistoire.unblog.fr