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Char français de la Seconde Guerre mondiale : le Renault B1 bis (2/2)

En matière de transmissions,  le Renault B1 bis est d’abord doté d’une poste de radiotéléphonie ER-53, qui ne permet cependant que de transmettre des messages en morse. Il va alors céder sa place à un nouvel ER-53 permettant des liaisons phoniques. Les chars de commandement recevront même un modèle ER-55 facilitant la communication avec les échelons supérieurs.

Son armement se composait du canon de 75 mm ABS 1929 (50 coups) en casemate pouvant propulser son obus à 220 m/s. De par sa position en casemate, on ne pouvait l’actionner en rotation horizontale mais son élévation allait de – 15 ° à + 25 °. Le canon de 47 mm SA 35 (74 coups) avait une bonne vitesse initiale de 650 m/s, capable de percer presque tous les blindages de l’époque. Vu qu’il était logé en tourelle, on pouvait le pointer sur un angle de 360° en plus d’une élévation de – 18° à + 18 °.
Compte tenu l’amélioration des armes antichars et suivant la recommandation du Général Velpry (Inspecteur des Chars), on lui installe un sur-blindage (prototype n°101), avec 60 mm à l’avant et 55 mm à l’arrière, donnant ainsi naissance au B1 bis. Les résultats sont alors satisfaisants et on lance la production de plusieurs centaines de nouveaux engins, la commande étant passée aux usines Renault.
On lui installe notamment la nouvelle tourelle APX 4, dotée du très bon canon antichar de 47 mm SA 35.Cette tourelle était presque similaire l’APX 1 CE qui équipait le SOMUA. Seulement, le chef de char devait entrer dans l’habitacle par une porte latérale. Malheureusement, la  cadence de production des tourelles était inférieure à celle des caisses, ce qui a eu pour conséquence de donner naissance à des chars « décapités » (N° 505, 506 et 507).

Mais le char Renault B1 bis avait deux défauts majeurs d’ergonomie, atténués toutefois grâce à des innovations technologiques : 1) le pilote devait aussi se consacrer à la tâcher de tirer au canon de 75 mm, le pointage se faisant à l’aide d’un volant de conduite relié par des arbres à chaîne au système hydrostatique Naëder, pendant qu’un volant de pointage permet d’ajuster la direction du canon ; 2) le chef de char devait aussi faire office de tireur avec le canon de 47 mm et la mitrailleuse de 7.5 mm à commande électrique.
En outre, un dispositif peu commun pour l’époque, le système à air comprimé Luchard, évacue instantanément la fumée après le départ du coup. Enfin, le pilote peut actionner une mitrailleuse fixe située à droite du canon. Mais un hic demeure. En effet, l’usage du canon de 75 mm nécessite que le moteur tourne, ce qui nuit à la consommation.

Le quatrième membre d’équipage, le chargeur doit approvisionner toute l’armurerie, ce qui pouvait se révéler assez épuisant. En outre, il bénéficiait de la place la plus inconfortable : à genoux derrière le pilote.

Alors qu’il est encore sur les chaînes de production, le B1 bis bénéficie d’autres améliorations (du N° 201 au N° 340). L’approvisionnement en obus de 47 mm passe de 62 à 72 munitions et les cartouches de 7.5 mm s’accroissent de 4 800 à 5 250. Mais plusieurs gros défauts demeurent lors de son entrée en lice face aux forces allemandes :

– 1/ Construction lente et inadaptée
– 2/ Consommation excessive
– 3/ Entretien trop long et difficile
– 4/ Tourelleau trop faiblement blindé et aux moyens de vision inadaptés.
– 5/ Tourelle monoplace
– 6/ Absence de compas d’orientation efficient
– 7/ Chef de char toujours debout
– 8/ Système de pointage du canon de 75 mm rapidement déréglé

Beaucoup d’autres défauts de conception ne pourront être corrigés, aussitôt la mise en service du B1 bis.
Lorsqu’il fut mis en service dès mai 1940, en dépit de ses défauts inhérents, le Renault B1 bis surprit totalement les équipages de Panzer par sa solidité et son armement. Mais il souffrit en particulier… de la doctrine blindée française à la limite de l’archaïsme, comparée à ce qu’avait développé Heinz Guderian côté allemand. Les Renault B1 bis furent sacrifiés par petits paquets sur les bouches à feu allemandes. Ajoutons à cela aussi la menace constante des bombardiers en piqué Ju-87 « Stukas ».

Après l’Armistice, un bon nombre de char B1 bis furent récupérés par les Allemands qui les utilisèrent comme blindés d’occupation, dans des opérations contre les maquis et les Partisans dans les Balkans, ou même comme char lance-flamme !

Source : www.chars-français.fr