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Général Etienne Timoléon de Villaret

Étienne Godefroy Timoléon de Villaret voit le jour le 17 février 1854 à Saint-Laurent-Lolmine dans le département du Lot. Il est issu d’une ancienne lignée de Chevaliers du Gévaudan qui a donné plusieurs Grands Maîtres de l’Ordre de Saint-Jean de Jérusalem.
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Après ses études secondaires, il embrasse la carrière des armes et entre à Saint-Cyr en 1870 pour en sortir deux ans plus tard au sein de la « Promotion du Shah ». Il a notamment comme camarades deux futurs généraux de la Grande Guerre :
Édouard de Curières de Castelnau (qui a déjà l’expérience des combats d’infanterie) et Charles Lanrezac. La « Promotion du Shah » est formé à la fois de nouveaux élèves et d’autres jeunes officiers promus au feu durant la guerre franco-prussienne qui viennent se perfectionner.

Sorti vingtième de sa promotion, Étienne de Villaret choisit l’Infanterie et est intégré au 17e Bataillon de Chasseurs à Pied. Sportif accompli, il remporte plusieurs prix en tir et en escrime. Bon dessinateur, il est aussi cultivé, très curieux et se passionne pour plusieurs matières scientifiques comme la géologie, l’entomologie, l’archéologie et la botanique.
Le Lieutenant de Villaret sert ensuite dans divers régiments français puis à Constantine et participe à la contre-insurrection dans les Aurès. Promu capitaine il est envoyé au Japon entre 1884 et 1886 pour contribuer à la formation des cadres de la nouvelle armée du Meiji. En plus de donner des cours d’instruction, Étienne de Villaret rédige tout un recueil sur l’histoire et la société japonaises, ainsi qu’un ouvrage sur la numismatique nippone.

De retour en France en 1887, il sert au Ministère de la Guerre et épouse l’année suivante Gabrielle Marie-Madeleine Laffont. Sa carrière se calque ensuite sur celle des officiers classiques, entre promotions, commandements et états-majors. Il sert successivement au 83e RI, à l’EM de la 33e Division (Montauban), au 54e RI (comme Chef de Bataillon), à l’EM de la 30e Division, au 138e RI et au XVe Corps à Marseille. Parallèlement à ses diverses affectations, il se spécialise sur les questions de combat en montagne.

Promu Colonel en 1907, il sert d’abord à l’EM du XVe CA avant de prendre le commandement du 88e RI. Promu Général de Brigade en 1911, il prend le commandement de la 43e Brigade (Vannes), puis de la 79e (Commercy).
En avril 1914, l’officier érudit qu’est de Villaret remplace le Général Eydoux à la tête de la Mission Militaire française à Athènes. Il réorganise tout le Ier Corps grec, ce qui lui vaut les félicitations du Roi Constantin et l’Ordre du Sauveur.

Lors du déclenchement de la Grande Guerre, Etienne de Villaret est nommé à la tête de la 14e Division d’Infanterie à Belfort. Villaret participe à la dure bataille de Dornach, qui permet de prendre temporairement Mulhouse avant que la situation stratégique ne force les Français à évacuer la ville. Étienne de Villaret apprend plus tard que son frère, Antoine, a été fait prisonnier en Belgique au commandement du 93e RI qui couvrait la retraite de plusieurs unités.
La 14e Division est ensuite transportée d’urgence sur la Somme où intégrée au sein du VIIe Corps de Frédéric Vautier. Là, elle doit résister au choc de l’Armée allemande.
Lors, de la Bataille de la Marne, la 14e Division est sur le front de l’Ourcq au sein de la VIe Armée de Maunoury. Là, elle tient bon face aux Allemands de von Kluck dans le secteur d’Acy-en-Multien. Passant à l’offensive le 6 septembre, la division du Général de Villaret combat durement dans entre de Bouillancy et Lamaze où elle se trouve bloquée mais retient des unités allemandes qui aurait pu être utiles ailleurs. Le 13 septembre, Villaret lance la division à l’attaque de Vic-sur-l’Aisne et y repousse les Allemands.
Pour ces faits de commandements, Etienne de Villaret est promu Général de Division.

Mais sa carrière va être quelque peu entachée par le drame des « martyrs de Vingré ». En effet, comme beaucoup de généraux lors de la bataille des frontières, Villaret craint les déserteurs et les fauteurs de troubles au sein de la troupe ; ce qui le conduit à édicter des directives durcissant les sanctions contre les soldats « désobéissants ». Cela aboutit à la comparution de vingt-quatre soldats du 298e RI en Conseil de Guerre à Vingré. Six d’entre eux sont fusillés « pour l’exemple » sans motif solide. Ils seront réhabilités en 1921 mais le Général de Villaret fera l’objet d’une mise en accusation par le frère de l’un des soldats fusillés.

En mars 1915, toujours commandant de la 14e Division dans l’Aisne, Étienne de Villaret accompagne son supérieur le Général Maunoury en première ligne pour observer les lignes allemands. Une balle allemande fuse et frappe alors les deux généraux. Maunoury reste inconscient mais Villaret, gravement atteint au front est miraculeusement conscient car la balle n’a pas atteint le cerveau. Refusant toute assistance, il parcourt à pied plus d’un kilomètre au milieu des soldats jusqu’à un autre poste. Hospitalisé, Etienne de Villaret reçoit la Légion d’Honneur des mains du Ministre de la Guerre, Alexandre Millerand.

Après sa convalescence, Étienne de Villaret reçoit le commandement du VIIe Corps en remplacement de Vautier qui compte la 14e Division (Crepey) et la 37e (Deshayes de Bonneval). Cette grande unité participe à l’offensive de Castelnau en Champagne en formant l’aile gauche (ouest) de la IVe Armée de Ferdinand de Langle de Cary.
Partant à l’assaut le 26 septembre, le VIIe Corps remporte plusieurs succès et réussit à s’emparer du Bois de la Raquette et à atteindre l’Epine de Védégrange tout en progressant sur Auberive-sur-Suippes. Villaret réussit aussi l’une des plus belles actions de l’offensive en forçant les lignes allemandes dans la « Tranchée des Tantes ». Malheureusement, ce succès ne peut être exploité en raison de l’étroitesse du couloir qui devient un goulet d’étranglement. 3 000 prisonniers allemands et 50 canons ont été pris.
Début octobre, après un temps de repos, le VIIe Corps échoue à s’emparer de Védégrange mais il réussit à s’emparer de plusieurs tranchées dans le secteur de Navarin.

En novembre 1915, Étienne de Villaret remplace le Général Ernest de Maud’huy à la tête de la VIIe Armée sur la ligne des Vosges. Une nouvelle offensive française est déclenchée dans le secteur de l’Hartmannwillerskopf. En dépit de plusieurs succès, l’offensive échoue à déboucher face à une contre-attaque allemande qui stabilise cette partie du front jusqu’en 1918.

A la fin de l’année 1916, le Général de Villaret laisse le commandement de la VIIe Armée au Eugène Debeney et ne reprend aucun commandement. Toutefois, il est élevé à la dignité de Grand Officier de la Légion d’Honneur.

Retiré de toute vie militaire, il succombe à une pneumonie le 18 janvier 1931 à Angers après avoir reçu les derniers sacrements de la part de Monseigneur Costes, Coadjuteur du Diocèse. Il est inhumé à Saint-Laurent-Lolmie.
Au gré de ses affectations, ce officier érudit a notamment été membre de plusieurs sociétés académiques comme celles d’Avignon et de Commercy.