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Jean Sévilla : « Aux origines du malaise national… »

Voici de larges extraits tirés du dernier chapitre- intitulé « aux origines du malaise national »- de l’ouvrage magistral de l’historien et journaliste Jean Sévilla, « Histoire Passionnée de la France ». Ce chapitre permet de mieux  comprendre la crise actuelle en la mettant en perspective  avec les multiples crises que notre pays a traversé au cours des siècles. Ainsi malgré des périodes troublées où le désespoir et le chaos semblaient l’emporter, l’aventure française a continué. « L’espérance est un désespoir surmonté » disait Bernanos….

« La France est une construction politique très ancienne. Apparue sur les ruines de l’Empire romain, elle s’esquisse au haut Moyen Age, se forge au temps de la féodalité, puis s’affirme à l’époque où tous les pays européens se dotent de l’État moderne, jusqu’à devenir au Grand Siècle, la première puissance du continent »

« Aujourd’hui, cette construction est en crise, pour des raisons liées à l’histoire. En 1918, la France remporte une victoire , mais une victoire à la Pyrrhus : le pays est saigné démographiquement, sort du conflit vieillissant et frileux, et dépendant de l’Amérique, nouvelle puissance mondiale. En 1940, c’est la débâcle. En 1945, la France s’assoit à la table des vainqueurs, mais parce que de Gaulle entretient avec brio l’illusion que le pays a regagné sa place parmi les grands. Puis c’est la décolonisation, alors que les colonies formaient pour la France un substitut de puissance nationale.

A partir des années 1950, le pays se lance dans la construction européenne. Mais dans les années 1980-1990, cette construction s’accélère et change de nature en diminuant radicalement les paramètres traditionnels de la souveraineté des français, dont l’État a été l’élément fédérateur, voient cet État bousculé, contraint de partager ses prérogatives, ou réduit à l’impuissance. D’où un trouble national.

L’historien n’est pas prophète. Il ne peut que rappeler que le passé de la France a été ponctué de crises terribles, au cour desquelles tout semblait s’effondrer. Songe-t-on à l’état du pays au plus fort de la guerre de Cent ans, des guerre de Religion, de la Terreur, de la Seconde Guerre mondiale ? Et pourtant, les blessures se sont cicatrisées, des forces nouvelles ont éclos, et l’aventure a continué. Encore convient-il de rappeler que la restauration de l’État, colonne vertébrale de la France depuis Richelieu, a jusqu’alors été, sous le Consulat, à la Libération et en 1958, la condition préalable du redressement…

La question qui se pose aujourd’hui est celle de la cohésion de notre société, des valeurs qui aident à fonder le pacte social. Si, selon la définition de Renan, une nation repose à la fois sur un héritage reçu et sur la volonté quotidienne de perpétuer cet héritage, encore faut-il vouloir et savoir le défendre et encourager le désir de le faire vivre. Cela suppose d’aimer son pays. De le connaitre. De l’accepter tel qu’il est, dans le respect de son être historique et de sa diversité.

« La France est un pays beau et grand…Dans un pays divisé de croyances, aujourd’hui soumis à des bouleversements ethnoculturels majeurs, tout ce qui rassemble et réunit doit être privilégié. L’histoire de France en fait partie. Apprenons à la connaitre pour mieux nous aimer. »