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Le Bataillon « Janson de Sailly »

Méconnu aux yeux du public, le Bataillon « Janson de Sailly » qui donnera naissance au 2nd Bataillon de Choc a néanmoins participé aux durs combats de la campagne d’Alsace et en Allemagne. Voici donc un bref historique de cette unité.

1rimpp– Lors de la Libération de Paris, des militaires de l’Armée d’Armistice en congé, des membres du Comité de Libération du XVIe, des élèves des Ecoles Préparatoires et de la Sorbonne, ainsi que des élèves SOS se rassemblent dans la cour du Lycée Janson de Sailly dans le XVIe Arrondissement. Le 19 août, une unité nouvelle unité mal armée mais enthousiaste est créée et prend le nom de 1er Régiment de Marche de Pari. Il prend ensuite la dénomination « Bataillon Janson de Sailly », appelé aussi « Bataillon des bacheliers » et même « Royal XVIe ». Celui-ci est alors commandé par le Capitaine de Frégate Marchand secondé par le Chef de Bataillon Gayardon de Fenoyl (un ancien du Vercors), le Commandant Berger et le Commandant Lafay.

– Après la Libération de Paris, le « Bataillon Janson de Sailly » reste l’arme au pied car Leclerc n’a pas souhaité les incorporé dans sa 2e DB au vu de leur inexpérience du combat. Mais ses officiers, en accord avec leurs hommes, conviennent de rejoindre la Ire Armée du Général de Lattre de Tassigny. Le 22 septembre, un premier contact est pris avec de Lattre qui accepte en échange de l’amalgame du Bataillon à son unité. Marchand et ses officiers acceptent. L’unité de FFI sera donc incorporée directement à l’organigramme de la Ire Armée Française.

– Le 25 septembre, le « Janson de Sailly » quitte Paris dans une grande discrétion, les hommes étant embarqués dans des camions, direction l’est de la France. Le 27, le Bataillon arrive à Gray en Haute-Saône. Ils reçoivent alors l’inspection du Général de Lattre qui constate « la bonne cohésion du Bataillon » aux dires du Général Jacques Malézieux-Dehon. De Lattre envoie immédiatement l’unité à l’instruction. A ce moment, l’unité compte quelques militaires de carrière (cadres), des enfants de bonnes familles de l’Ouest parisien et des ouvriers des usines de Boulogne.

– Gambiez rassemble le « Janson de Sailly » au camp du Valdahon, endroit sinistre et abandonné par les Allemands. Pendant un peu moins de deux mois, les hommes de Marchand s’entraînent intensivement sous la férule d’officiers et sous-officiers des Commandos de France et le tout, dans la pluie et le froid. Mais le Bataillon donne une bonne satisfaction. De Lattre l’inspectant régulièrement, il reçoit aussi les visites successives de de Gaulle, Juin et même de Churchill. Le 5 octobre, le Capitaine de Frégate Marchand reçoit l’ordre de quitter le « Janson de Sailly » pour constituer le 4e Régiment de Fusiliers Marins en vue de liquider les poches allemandes en Bretagne. Il est remplacé par son second, Guy de Gayardon de Fenoyl qui conservera le commandement de l’unité de choc jusqu’à la fin de la guerre.

1rimpp(3)– Le 13 novembre 1944, le « Janson de Sailly » est confié au Colonel Fernand Gambiez, fondateur du 1er Bataillon de Choc avec lequel ils s’est illustré en Corse, sur l’Île d’Elbe et dans le Midi, devenu alors commandant des Commandos de France (Bataillons de Choc et Commandos d’Afrique). A cette date, les troupes de Gambiez combattent durement dans la Trouée de Belfort et subissent de lourdes pertes. Le « Janson de Sailly » connaît alors son premier engagement dans le sud des Vosges. Il reçoit du Général Antoine Béthouard (commandant du Ier Corps d’Armée français) la mission de s’emparer de la bourgade de Massevaux.

– Durant deux semaines, les jeunes parisiens et leurs officiers combattent durement dans la neige pour s’emparer de Massevaux qui tombe le 26 novembre au prix de 45 tués et 120 blessés. Malgré la fatigue le « Janson de Sailly » reprend sa marche sur Thann qui tombe au prix de plusieurs tués.

– A la fin de 1944 qui voit l’arrêt de l’offensive de la Ire Armée en Alsace, le « Janson de Sailly » est mis au repos mais de Lattre le « vampirise » de 140 hommes qui sont envoyés compléter les effectifs du 2nd Bataillon de Zouaves Portés (1re Division Blindée). Au début du mois de janvier, le « Janson de Sailly » est officiellement rebaptisé 2nd Bataillon de Choc.
Du 23 janvier au 6 février 1945, le 2e Choc participe activement aux combats pour la Poche de Colmar en s’emparant de plusieurs villages du Bassin potassique au nord de Mulhouse. L’unité compte 11 morts, 70 blessés  et victimes d’engelures à l’issue de ses durs combats mais a réussi à repousser plusieurs violentes contre-attaques allemandes combinant infanterie et chars. Il met aussi plusieurs chars Panther hors de combat.

– En février-mars 1945, après une période de repos, le 2e Choc connaît une période de perfection et d’instruction à Rouffach ou le Général de Lattre vient de créer une école de cadres pour former de nouveaux officiers et sous-officiers. Toujours selon le témoignage rapporté par le Général Malézieux-Dehon, l’entraînement est intensif et réaliste, avec des entraînements à balles réelles.

– Le 3 avril 1945, le 2e Choc franchit le Rhin pour se lancer dans la campagne d’Allemagne. Il participe activement au nettoyage de la ville de Karlsruhe avant de franchir la Forêt Noire en s’emparant de Feudenstadt, Rottweil, avant de foncer vers le sud du Bade-Wurtemberg. Il termine la guerre en s’emparant de Sigmaringen et de Constance.

– Au début de juin 1945, le 2e Choc est officiellement dissous. Une partie de ses jeunes soldats décident de rejoindre Paris pour achever leur scolarité en vue de retourner à la vie civile tandis que d’autres restent dans l’Armée et participeront aux combats d’Indochine.

Lire :
– BECHAUX Antoine & LAFUMA Michel : Le 2e Choc, Bataillon Janson de Sailly, France Empire