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Musique médiévale – 1 : Pérotin le Grand

Chers lecteurs, chères lectrices, j’ai décidé d’inaugurer un cycle sur la musique française médiévale, période sans doute trop injustement méconnue mais qui recèle des trésors de créativité et d’harmonie ; tant du point de vue la musique sacrée (le chant grégorien atteint des degrés de perfection en Europe) que des pièces dites courtoises et des danses. Et lorsque je dis « française »le terme est à prendre avec mesure puisque le Royaume de France étant en phase d’unification, certains grands troubadours composaient pour de grands seigneurs languedociens ou provençaux. Aujourd’hui, voyons un peu l’oeuvre de Pérotin le Grand, dont l’œuvre fut majeure pour la renommée de la Schola de Notre-Dame de Paris.

– De la personnalité même de Pérotin (« petit Pierre »), les sources sont extrêmement lacunaires. Il semble qu’il soit né vers 1160 et disparu vers 1230. Il aurait donc été le contemporain de quatre rois capétiens directs (Louis VII, Philippe Auguste, Louis VIII et Saint Louis), ce qui est une performance notable en matière de longévité pour cette époque.

– En revanche, son œuvre est parvenu jusqu’à nous grâce au récit qu’en dressa un étudiant anglais désigné sous le surnom de l’Anonyme IV. Et c’est le musicologue belge Edmond de Coussemaker qui a travaillé sur l’œuvre de Pérotin en 1875 avec « Art harmonique aux XIIe et XIIIe siècles ».
Pérotin est considéré comme un grand novateur musical dans le chant sacré du Moyen-Âge classique. Comme son prédécesseur Léonin (Leoninus), autre grand compositeur de la fin du XIIe siècle, Pérotin fait partie des « musiciens habiles » (« artis musicæ periti ») rattaché à la Cathédrale Notre-Dame de Paris. Avec la construction du nouvel édifice commandée en 1163 par Monseigneur Maurice de Sully, Paris gagne en renommée culturelle. Par conséquent, sous la direction de Maurice de Sully, naît l’Ecole de Notre Dame consacrée à l’épanouissement du chant grégorien. On sait que Pérotin fut Maître de chapelle, grand chantre et « déchanteur ». On sait que sa renommée fut importante à Paris car plus de quarante ans après la possible date de sa mort, il était surnommé « discantor optimus » (« excellent déchanteur »).

– Jusqu’à la seconde partie du XIIe siècle, l’Église se méfie encore de la musique considérée comme détournant l’homme de Dieu. Par conséquent, elle n’autorise que la diffusion du chant grégorien (ou plain chant). Et celui-ci est resté monodique, avec un organum parallèle (à la quinte). Cependant, à la fin du XIIe siècle, le chant et la notation commencent à évoluer grâce aux travaux de chantres et de chanoines dans les grandes cités épiscopales. Encore que ce travail n’est nullement uniformisé, chaque école de chant travaillant de manière séparée.
Maître Pérotin reprend les travaux de son prédécesseur Léonin et retravaille son « Grand livre d’organum » (« Magnus liber organi »). Pérotin fait donc évoluer les techniques de chant de Léonin par l’introduction et l’harmonisation d’une polyphonie à quatre voix. D’abord dite « monodique », la polyphonie est qualifiée de « fleurie ».
A côté des modifications qu’il apporte au « Grand livre d’organum », Perotin le grand compose des œuvres grégoriennes pour les messes et fêtes religieuses. On garde encore de lui « Viderunt Omnes », « Sederunt Principes », « Alleluia possuit adjutorum », « Alleluia Nativitas », « Duum sigilium summi Patris » et « Beata Viscera ».