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Soixante-dix ans de la campagne de Lorraine – Septième partie

3 – FLANC SUD : L’AVANCE DU XVth ARMY CORPS

– Le 5 septembre, le XVth US Army Corps du Lieutenant.General Wade H. Haislip avait atteint Commercy et la Meuse. Après avoir été rattachée à la Ist Army de Hodges pour les opérations de franchissement de la Seine, cette unité est venue renforcer le dispositif de la IIIrd Army pour faciliter le franchissement de la Moselle. Après s’être rassemblé à Rozay-en-Brie, le XVth Corps vient donc se coller au flanc droit (sud) du XIIth Army Corps d’Eddy.

– Le 8 septembre, avec l’accord du Général de Gaulle, la 2e DB du Général Leclerc, tout juste auréolée de la Libération de Paris, vient renforcer le XVth Corps après un passage par Montargis. Entretemps, la 79th Infantry Division « Cross of Lorraine » du Major.General Ira T. Wyche, a quitté la Belgique pour rejoindre les Combat Commands de Leclerc dans les environs de Joinville (Yonne). La 2e DB est alors à effectifs presque plein – 16 500 hommes environ (bien plus qu’une division américaine type) et a pu compléter ses pertes grâce à l’intégration de recrues françaises et de FFI. La 79th Infantry est devenue une unité aguerrie et de bonne réputation après les combats de Normandie. Mais ses lourdes pertes enregistrées en juin et juillet l’on contrainte à combler ses rangs vides avec 7 500 remplaçants inexpérimentés.

– Le 11 septembre, après avoir rassemblé son unité, Haislip reçoit l’ordre de Patton de franchir la Moselle entre Charmes et Epinal, même si son centre ne s’est pas encore mis en route. Malgré un manque de coordination certain faisant la part belle aux engagements successifs de différents Combat Commands, les éléments du XVth Army Corps réussissent à culbuter les faibles Kampfgruppen rassemblés par le General der Artillerie Walter Lucht pour couvrir la retraite de son LXVI. Armee-Korps qui opérait en forme de gros Kampfgruppe depuis la moitié du mois août, sous le commandement direct du HG de von Blaskowitz.

– Dès lors que l’avance rapide de Patton vient menacer de coupure la jonction entre les 1. et 19. Armeen (cette dernière reculant devant la VIIth US Army de Patch), Blaskowitz ordonne à von Lucht de maintenir « coûte que coûte » la liaison avec la 553. VGD (1. Armee) disposée le long de la ligne Toul–Nancy. Blaskowitz ordonne aussi à cette unité pourtant épuisée de maintenir une ligne de défense le long du Canal Marne–Saône entre Langres et Chaumont et d’allonger son flanc droit pour couvrir le secteur de manœuvre compris entre Neufchâteau et Mirecourt. Cette phase accomplie, von Blaskowitz espère pouvoir ensuite lancer une puissante contre-attaque à l’aide de Panzer et de blindés dans le flanc droit de la IIIrd Army.

– Pour cette tâche ardue, Lucht reçoit l’autorisation d’utiliser la 16. Grenadier-Division du Generalleutnant Ernst Häckel, division éreintée après sa remontée depuis la région de Bordeaux en traînant dans ses bagages des travailleurs de l’Organisation Todt, des personnels administratifs et des « rampants » de la Luftwaffe. Les unités de tête de la 16. ID formées d’unités combattantes arrivent dans le secteur de Chaumont–Neufchâteau pile au moment où le XVth Corps passe à l’attaque. Sur le moment, Walter Lucht ne peut compter seulement sur l’aide du Kampfgruppe Ottenbacher formé de bataillons de réservistes (Landeschützen) et du SS-Polizei-Regiment 19, dont 2 bataillons tiennent Andelot et Neufchâteau afin de couvrir la concentration de la 16. ID. Seulement, pour des raisons politiques, Heinrich Himmler (qui a la haute-main sur toutes les unités SS) ordonne que le SS-Pol.Regt. 19 soit retiré du front pour assurer la « protection » du Maréchal Pétain et des membres de feu le Gouvernement de Vichy, alors installés à Belfort. Du coup, si les Américains étaient arrivés assez tôt de Neufchâteau, ils n’auraient rien trouvé de sérieux pour s’opposer à leur avance. Seulement, l’OB West réussit à mettre en marche le XLVII. Panzer-Korps de von Funck pour venir renforcer le secteur tenu par le faible LXVI. AK.

Le General der Panzertruppe Hasso Eccard von Manteuffel (tout à gauche), nouveau comandant de la 5. Panzer-Armee, s'entretenant avec ses officiers

Le General der Panzertruppe Hasso Eccard von Manteuffel (tout à gauche), nouveau comandant de la 5. Panzer-Armee, s’entretenant avec ses officiers

2 – Le plan de contre-attaque du Führer

– Contrairement à ce qui s’est produit pour la contre-attaque de Mortain, Hitler n’a pas eu l’idée de déclencher une contre-attaque en Lorraine. L’idée vient d’Alfred Jodl, le chef des Opérations de l’OKW qui préconise de frapper dans le flanc droit de Patton, qui s’étire désormais vers l’Ouest depuis le secteur de Toul. Jodl avance l’idée de frapper en tenaille dans le secteur de Troyes afin de s’enfoncer vers le nord entre la Seine et la Marne. Mais ce projet est abandonné lorsque l’OKW apprend que Patton a le pied sur la Meuse. Mais le 3 septembre, Hitler donne de nouvelles instructions pour lance une contre-attaque à grande échelle dans le dispositif de la IIIrd Army. C’est le projet le plus ambitieux depuis le complet fiasco de Mortain (Normandie) moins d’un mois plus tôt. Selon les ordres de Rastenburg, l’aile droite allemande et le centre doivent mener une bataille défensive, pendant que sur l’aile gauche, une force plus mobile doit être déployée à l’ouest des Vosges avec une double mission : 1 – Sur son aile gauche, couvrir la retraite de la 1. Armee et du LXIV. Armee-Korps en tenant le terrain à l’ouest des Vosges ; 2 – Attaquer en force contre le flanc droit étiré de la IIIrd Army, pour finalement tourner les divisions américaines par un mouvement vers l’est et les coincer sur la rive gauche de la Moselle. L’état-major de la 5. Panzer-Armee alors en Belgique, doit alors prendre ses quartiers en Lorraine afin de mener cette contre-attaque. Il sera remplacé par le QG de la 7. Armee, en cours de reconstitution après les très lourdes pertes endurées pendant la Bataille de Normandie.

– L’idée de cette contre-attaque est cohérente avec le plan de défense allemande et logique en soi ; il faut empêcher – ou plutôt retarder le plus longtemps possible – la jonction entre la IIIrd Army de Patton et la VIIth Army d’Alexander M. Patch qui remonte plein gaz vers le nord-est de la France depuis le Débarquement de Provence. Mais le 3 septembre, les troupes de Blaskowitz tiennent encore une tête de pont précaire sur la Moselle au sud de Toul. Neufchâteau est en fait situé à l’extrémité-ouest de la route qui passe par le Trouée de Charmes. Et c’est depuis Neufchâteau que s’étend la route la plus praticable pour contourner le flanc sud de la ligne de défenses naturelles formée par les escarpements de la Meuse, alors aux mains des Américains.

– La contre-attaque doit être confiée à un puissant groupement mécanisé formé de la 17. SS-PzGren. « Götz von Berlichingen », les 3. et 15. PzGren-Divn, de 3 nouvelles Panzer-Brigaden (111., 112. et 113.) formées en Allemagne ; le tout devant être renforcé « si possible » par la 130. Panzer-Lehr-Division (Fritz Bayerlein), reconstituée après avoir été saignée en Normandie, la 11. Panzer-Division (Wend von Wietersheim), la 21. Panzer (Edgar Feuchtinger) et 3 autres Panzer-Brigaden (106., 107 et 108.). La 19. Infanterie-Division est attribuée à la 1. Armee pour remplacer les unites de Panzergrenadiere. Mais seule la 106. PzBrg avait atteint le front au début septembre, tandis que le reste se trouve encore en organisation en Allemagne.

– Seulement, les ambitions d’Hitler se trouvent confrontées à la réalité stratégique, notamment à la situation sur l’Ostfront qui a failli virer à la catastrophe totale s’il n’y avait pas eu le rétablissement sur la Vistule orchestré par Model face aux forces de l’Armée Rouge essoufflées après leurs grands succès de « Bagration ». Mais de l’autre côté, von Rundstedt demande sans cesse à Hitler l’octroi de 25 nouvelles divisions et d’éléments blindés de réserve équivalents à 5-6 Divisions, sans lesquels – estimait le Feldmarschall – la défense du nord-ouest du Reich ne pourrait être assurée.

D’autre part, même si la contre-attaque se trouve sous la responsabilité du Heeres-Gruppe G de Johannes Blaskowitz, Hitler s’implique directement dans la direction de cette contre-offensive. Il faut bien rappeler qu’après le 20 juillet, le Führer n’accord qu’une confiance très limitée aux généraux « réactionnaires » de la Heer, pour lesquels il éprouve aussi davantage de suspicion. C’est pour cela qu’il n’explique pas l’ensemble de son plan à Blaskowitz. Initialement, c’est au XLVII. Panzer-Korps d’Heirich Feiherr von Lüttwitz de mener directement la contre-offensive ; idée initiale changée par l’arrivée expresse du QG de la 5. Panzer-Armee depuis la Belgique.

– L’homme à qui échoit le commandement de cette grande unité n’est pas très connu des Américains mais il est une référence solide dans l’arme blindée allemande, autant pour les officiers que pour la troupe : le General der Panzertruppe Hasso Eccard von Manteuffel. Né en 1897, pur produit de l’Aristocratie prussienne, passé par les Husaren, très petit (1,48 m) mais de solide constitution et très bon cavalier, combattant en France entre 1916 et 1918, von Manteuffel se convertit très vite à l’utilisation des blindés et gravit les échelons de la hiérarchie dans l’ombre d’Heinz Guderian dont il devient l’un des protégés. Oberstleutnant (Lieutenant-Colonel) en 1941, il commande un régiment de Panzergrenadier et reçoit sa Croix de Chevalier devant Moscou pour avoir mené ses soldats à l’assaut d’un pont. Général de Division en 1942, il est envoyé en Tunisie combattre les Britanniques mais doit être renvoyé en Allemagne pour cause de maladie, ce qui lui permet d’échapper à la capture. Après sa convalescence, il prend la tête de la 7. Panzer-Division avec laquelle il se distingue lors de la contre-offensive de von Manstein sur le « Balcon » de Fastiv en Ukraine. Fin 1943, il remplace Walter Hörnlein à la tête de l’excellente Panzer-Division « Grossdeutschland ». Au printemps 1944, von Manteuffel joue un grand rôle dans la contre-offensive d’Otto Wöhler contre les pointes de Koniev en Roumanie lors des batailles de Targû Frumos. Après avoir accroché les Eichenläube (Feuilles de chêne) à sa Croix de Chevalier, von Manteuffel se trouve avec sa division en Lituanie quand Hitler, qui apprécie ses qualités de manœuvriers et de manieur de chars, le nomme à la tête de la 5. Panzer-Armee. Et ce, sans que von Manteuffel ait exercé le commandement d’un Corps d’Infanterie ou d’un Corps Blindé ! Chose encore plus exceptionnelle, après l’attentat du 20 juillet, il reste l’un des derniers représentants de la caste prussienne auxquels Hitler fait encore confiance. Enfin, pour sa tâche de commandement, Hasso Eccard von Manteuffel est toujours seconde par son propre chef d’état-major dont il ne veut pas se séparer ; Wolf von Kahlden.

– Le 4 septembre, après avoir reçu ses ordres du Führer tout en ne sachant guère où en es la situation, Blaskowitz appelle von Lüttwitz (en dépit des nombreuses lignes de téléphoniques sectionnées) et lui ordonne d’installer son PC dans le secteur Mirecourt-Neufchâteau qui servir de base aux opérations. Von Lüttwitz reçoit donc pour ordre d’avancer en tête vers le nord-ouest (en direction de Toul), ce qui doit être suivi par une avance générale vers la Marne, avec l’aile gauche allemande couverte par cette même rivière, le centre poussant vers Bar-le-Duc et l’aile droite vers la lisière sud de la Forêt d’Argonne. La date butoir de l’offensive est fixée au 12 septembre.

– Le 5 septembre, Blaskowitz informe le Generaloberst Friedrich Wiese que sa 19. Armee doit maintenant se tenir sur le flanc droit, en gardant la ligne principale de défenses entre le Plateau de Langres et Besançon, afin de couvrir les préparatifs d’offensive plus au nord. Mais Kurt von der Chevallerie (alors commandant de la 1. Armee avant son remplacement par von Knobelsdorff) proteste en expliquant que son flanc sud (LXVI. Armee-Korps) est trop affaibli et trop étendu pour remplir ce type de mission. Alors que les généraux allemands débattent fermement, les forces américaines continuent d’exercer une forte pression sur les troupes allemandes qui , au lieu de se préparer à la grande contre-attaque, sont forcée de se replier entre Neufchâteau et la Moselle. Blaskowitz informe une fois de plus l’état-major de von Rundstedt pour que la date de contre-attaque soit reculée au 15 septembre. De son côté, von Knobelsdorf (qui a remplacé von der Chevallerie à la tête de la 1. Armee) menacé par les premières tentatives des XIIth et XXth Corps d’établir leurs têtes de pont sur la Moselle, demande a permission de raccourcir les lignes de son aile gauche en libérant les troupes qui tiennent Nancy en s’arc-boutant sur le canal Rhin-Marne. C’est à ce moment que la 1. Armee est alors placée sous les ordres du HG G de Blaskowitz.

Heinrich Freiherr von Lüttwitz

Heinrich Freiherr von Lüttwitz

– De son côté, depuis son QG de Coblence, von Rundstedt  insiste auprès de ses généraux subordonnés pour que la contre-offensive soit lancée en dépit des difficultés. Von Rundstedt estime que la menace qui se profile contre Aix-la-Chapelle devient de plus en plus sérieuse. Une contre-attaque dans le flanc des Américains sera une bonne occasion de retarder l’attaque. Le Feldmarschall demande sans cesse des renforts à l’OKH pour les masser dans la plaine de Cologne. Il demande aussi à Jodl de fournir la 5. Panzer-Armee en matériels, armes et carburant suffisants pour permettre le succès de la contre-attaque. Néanmoins, le 9 septembre, Blaskowitz informe le XLVII. PzK qu’il peut lancer sa contre-offensive avec seulement un Kampfgruppe commandé par l’Oberst Josef Rauch formé d’éléments ponctionnés aux 21. PzD, 111. et 112. PzBrg arrivant d’Allemagne. Si les deux Brigades de Panzer peuvent inspirer confiance avec 96 chars d’assaut (98 PzKw Mark IV et 98 PzKw V Panther) et deux bataillons (Abteilungen) de Panzergrenadiere montés sur blindés légers, la 21. PzD se remet à peine des combats de Normandie. Le Panzergrenadier-Regiment 192, ne compte plus que 750 hommes (3 compagnies de 250 soldats), le Panzer-Regiment 22 n’a plus aucun char à aligner et l’artillerie divisionnaire ne compte plus 7 batteries d’artillerie et 2 canons de 88 mm.

– Avant que cette modeste forte blindée ne soit déployée, le XVth US Corps commence son avance vers la Moselle, déboulant sur le secteur Mirecourt-Neufchâteau. Berlin prend acte et Hitler donne pour odre que la 5. Panzer-Armee ne soit pas utilisée en attaque frontale. Mais Blaskowitz choisit d’interpréter les ordres du Führer de manière plus libérale – sans pour autant désobéir – et déploie la 112. PzBrig (H-W. Bronsart von Schellendorf) contre le XVth Corps, décision qui s’avère néfaste pour la future contre-attaque.

Insigne du XVth US Corps

Insigne du XVth US Corps

3 – L’arrivée du XVth US Corps sur la Moselle

– Dans la matinée du 10 septembre, le 313th Infantry Regiment du Colonel Sterling A. Wood arrive dans le secteur de Joinville (Champagne), achevant le transfert de la 79th Infantry Division dans le secteur attribué à Haislip. Le 315th Infantry du Lt.Col. J.A. McAleer est déjà déployé et lance plusieurs patrouilles sur la rive est de la Marne. Enfin, le 314th Infantry du Colonel W.A. Robinson se rassemble sur la rive ouest de la Marne. La division du Major.General Wyche forme l’aile gauche du XVth US Corps et se tient devant la 2e DB de Leclerc qui est échelonnée du nord-est au sud-ouest pour former un écran. Les troupes d’Haislip n’ont alors pas de contact avec les Allemans dans la région de Chaumont-Neufchâteau. Les rapports du Renseignement du Corps indiquent que l’ennemi tient un ensemble de villes le long de la grand-route menant de Châtillon-s/-Seine au nord-est de Neufchâteau puis de Neufchâteau jusqu’à Charmes sur la Moselle. D’ailleurs, durant les premiers jours de septembre, le 42nd Cavalry Group avait même atteint les environs de Charmes, affolant le commandement allemand qui pensait que le front de Lorraine était rompu. Hitler avait même adressé un ordre personnel pour que Charmes soit reprises impérativement, même si les Américains n’y sont jamais entrés.

Lieutenant.General Wade H. Haislip, commandant du XVe Corps Américain

Lieutenant.General Wade H. Haislip, commandant du XVe Corps Américain

– La mission originale donnée au XVth Corps était relativement secondaire. Le 10 septembre, la 79th Infantry Division effectue d’abord une reconnaissance générale des positions défensives, alors que les soldats de Wyche prennent du repos, des bains chauds et assistent au spectacle de Bing Crosby. Mais le 106th Cavalry Group du Colonel Vennard Wilson passe au travers des lignes de la 79th Infantry Division pour effectuer une mission de reconnaissance du secteur d’avance de l’Infanterie. Avec la permission de l’état-major de la IIIrd Army, le Major.General Wyche dispose 88 de ses camions de 2 tonnes afin d’assurer un ravitaillement rapproché. Pendant ce temps, la 35th Infantry Division, située plus au nord et à l’est, démarre son attaque pour permettre à l’aile droite du XIIth Corps de franchir la Moselle. Peu avant 15h00, un coup de téléphone de l’état-major de la IIIrd Army enjoint à Haislip de mettre son Corps en alerte pour progresser vers la Moselle sur un front s’étendant de Charmes à Epinal. Mais Patton n’a pas encore donné l’ordre à Haislip de franchir la Moselle.

– Le poids principal de la manœuvre d’Haislip doit être initialement attribué à la 79th Division, alors qu’une partie de la 2e DB doit couvrir le flanc droit de la IIIrd Army. Wyche choisit alors le 314th Infantry pour s’emparer de Charmes, ce qui permettra de prendre position sur la Moselle. Haislip mobilise aussi 2 bataillons d’artillerie du Corps, quelques chars du 749th Tank Battalion (Major Donaldson) et une compagnie de chasseurs de char qui sont chargés d’appuyer le 314th. Vers 08h00 le 11 septembre, précédé par le 121st Cavalry Squadron, le 314th Infantry démarre un mouvement en demi-cercle autour des postes-avancés ennemis de la 16. Grenadier-Division déployée plus au nord le long de la ligne Andelot-Neufchâteau-Charmes. Vers 17h00, le 121st CRS se trouve en vue de Charmes et affronte quelques soldats allemands dans une série d’escarmouches. Seulement, le 314th arrive deux heures trop tard pour tenter un assaut contre la ville. Pendant ce temps, 313th Infantry, suit le 314th durant la nuit, en camions et à pied pendant la journée. Dans la soirée, ce régiment se trouve sur la ligne de communication allemande Neufchâteau – Epinal, en direction de Mirecourt. Pendant ce temps, le 315th Infantry progresse d’une bonne quinzaine de kilomètres et atteint les environs oust de Neufchâteau, avant que le Colonel McAleer n’expédie plusieurs patrouilles pour sonder le dispositif allemand.

– Pendant que la 79th Infantry Division avance assez vite pour frapper l’aile nord du LXVI. AK, le Général Leclerc lance ses chars contre les unités allemandes plus à l’ouest. Les éléments de la 2e DB trouvent devant eux le Kampfgruppe Ottenbacher en position défensive derrière la Marne et sur le Canal Marne-Saône, à l’angle droit de la 16. GD.  Ernst Ottenbacher ne peut compter que sur des réservistes ayant dépassé la limite d’âge et n’ayant pas reçu d’entraînement adéquat après avoir surtout exercé des fonctions de police en France occupée.

– Leclerc commence par mordre les positions allemandes durant la matinée du 11 septembre, en utilisant le Groupement Tactique « L » du Colonel Paul Girot de Langlade (12e Régiment de Chasseurs d’Afrique, 2e Bataillon du Régiment de Marche du Tchad, 2e Escadron du 1er Régiment de Marche des Spahis du Maroc, 4e Escadron du Régiment Blindé de Fusiliers Marins, 1er Groupe du 40e Régiment d’Artillerie Nord-Africaine et 2nde Compagnie du 13e Bataillon du Génie) qui avance de front vers Andelot mais y trouve des Allemands particulièrement bien retranchés. Leclerc ordonne alors à Langlade de dépasser Andelot pour reconnaître le terrain plus à l’est. Langlade fait alors avancer son GT en deux colonnes et vient durement frapper les positions allemandes entre Prez-/s-Lafauche, à la jointure des positions de la 16. GD et du KG Ottenbacher et vient couper les routes Neufchâteau – Chaumont et Neufchâteau – Langres.

Colonel Paul Girot de Langlade

Colonel Paul Girot de Langlade

– Langlade lance ensuite ses hommes vers Vittel sur un axe sud-nord et ramasse 500 prisonniers capturés le long de la route. Le 12 toujours, Leclerc choisit d’engager davantage sa Division. Ainsi, le Groupement Tactique « V » du Colonel Billotte (501e Régiment de Chars de Combat, 3/RMT, 3/1er RMSM, 2/RBFM, 11e Groupe du 64e RA et 2nde Compagnie du 13e BG) engagé à Andelot, connaît un bref engagement mais sans un tué, il taille en pièce un bataillon allemand sur la route Chaumont – Andelot. Les rapports de la 2e DB font état de 300 tués et 800 Allemands capturés.

– Du côté américain, toujours le 12 septembre, constatant que les lignes du LXVI. AK sont étendues et assez mal défendues, Wade H. Haislip ordonne de poursuivre l’avance. La 79th Division avance alors sur un front de plus de trente kilomètres (soit la route Charmes – Andelot) et affronte les Allemands dans une série d’engagements sans résistance ennemie coordonnée. A la mi-journée, le 314th Infantry attaque Charmes et chasse les défenseurs du Grenadier-Regiment 225 (2 bataillons) après un long et furieux combat. Mais des équipes de Pioniere font sauter le pont de Charmes enjambant la Moselle. Cela n’empêche pas Haislip d’ordonner à Wyche d’établir une tête de pont sur la rive droite de la Moselle. Durant la soirée, le 1/314th trouve un gué et franchit la Moselle sans coup férir. Au nord de Charmes, le 106th Cavalry Group du Colonel Wilson commence lui aussi à franchir la Moselle sans rencontrer d’opposition.

– A l’Ouest de Charmes, le 313th Infantry du Colonel Wood doit cependant faire face à une forte opposition de la part du Grenadier-Regiment 221 retranché dans et autour du petit village de Pournay, juste devant Mirecourt. A Neufchâteau, le 315th Infantry du Colonel McAleer progresse vers Neufchâteau sur trois axes et lance une attaque brutale en début de soirée. Résultat, une grande partie du Grenadier-Regiment 223 est pris au piège. Son Oberst se rend avec 623 soldats, 80 véhicules et des armes lourdes.

– Tiraillé par le dilemme d’obéir aux ordre de Hitler ou de retenir les forces consacrées à la contre-attaque sans perdre le secteur de Mirecourt-Neufchâteau, Johannes Blaskowitz ne peut attendre davantage. Le 12 septembre, alors que la 2e DB et la 79th US Division en bien entamé les lignes du LXVI. AK, le commandant du HG G appelle von Manteuffel pour lui ordonner de lancer des contre-attaques limitées et localisées contre le XVth US Corps. On peut imaginer que l’expérimenté général n’a pas vraiment été d’accord avec cette option limitée mais il doit obéir aux ordres. Manteuffel confie cette mission au XLVII. PzK de von Lüttwitz regroupé entre Epinal et Saint-Dié. Mais Lüttwitz n’a pas le temps pour effectuer une reconnaissance adéquate, ni de monter une attaque coordonnée. Manteuffel n’a d’autre choix de lui ordonner que d’attaquer vers Vittel afin de dégager les troupes du LXVI. Korps. Toutefois, ce mouvement pourrait aussi donner le temps nécessaire à la 19. Armee de von Wiese d’étendre son aile droite afin de créer une force de couverture pour le déploiement de la 5. PzA.

– De son côté, Heinrich von Lüttwitz ne peut compter que sur des forces affaiblies depuis la retraite de Normandie. Sa seule unité correctement constituée et dotée reste la 112. Panzer-Brigade de von Schellendorf. Mais avec 96 chars, elle peut causer des nuisances.

– Le 12 septembre, von Schellendorf sort sa Panzer-Brigade en deux colonnes depuis Epinal, avec le Bataillon de PzKw IV à gauche (direction de Vittel) et le Bataillon de Panther sur la droite (direction de Bains-les-Bains vers le sud). On peut voir que Schellendorf divise ses forces au lieu de les maintenir soudée de façon cohérente ; le bataillon de PzKw IV devant prévenir l’arrivée de la VIIth US Army par le sud (région de Vesoul) au lieu d’appuyer les Panther. Mais a-t-il le choix ?
D’autre part, von Lüttwitz ordonne au Kampfgruppe Luck (un faible détachement d’Infanterie) de marcher vers Dompaire le 13 septembre.

– Mais les Alliés imposent toujours leur tempo aux Allemands. Ainsi, le 12 septembre, le GTL de la 2e DB s’empare de Vittel et poursuit sa route vers l’est et atteint les abords de Dompaire et du village de Damas. Pendant toute la fin de l’après-midi, des civils français informent le Colonel de Langlade qu’une forte colonne allemande s’approche de Dompaire, ce que confirme le renseignement divisionnaire confirme. Immédiatement, le Colonel de Langlade ordonne au 1/40e RANA de se mettre en position pour engager l’ennemi. Son plan est simple, la Colonne de droite commandée par le Lieutenant-Colonel Pierre Minjonnet – un basque surnommé « Père Mingot » ou « Père Mégot » – doit s’emparer du village de Damas avant de couper la route entre Dompaire et Epinal ; la Colonne de gauche formée par des éléments du 12e Chasseurs d’Afrique et le 2nd Bataillon du Régiment du Tchad (Commandant Jacques Massu) attaquera l’ennemi concentré à Dompaire.

Lieutenant-Colonel Pierre Minjonnet

Lieutenant-Colonel Pierre Minjonnet

Insigne du 12e Régiment de Chasseurs d'Afrique

Insigne du 12e Régiment de Chasseurs d’Afrique

– A l’aube du 13 septembre, une petite unité de reconnaissance, menée par 4 chasseurs de chars M10 Wolverine (du RBFM) roule vers Damas et tombe sur quelques chars Panther. Un bref affrontement s’ensuit et 1 Panther est mis hors d’état de nuire en quelques coups. L’arrivée presqu’immédiate de M4 Sherman du 12e Cuirassiers vient chasser les intrus. Pendant ce temps, de Langlade expédie la force de Massu au nord de Dompaire. Par une habile feinte, de Langlade réussit à fixer plusieurs Panther pour les arroser du feu de ses canons, avant que des appareils américains du 406th Fighter Group du Colonel Anthony V. Grossetta (XIXth Tactical Air Command) – arrivés expressément de Rennes – viennent arroser les Allemands retranchés autour de Dams et de Dompaire à la bombe et à la roquette. L’efficace couverture aérienne permet à Massu et à Mijnonnet de franchir les bois de pin et de forcer les Panzer à se concentrer dans un vallon. A nord, Massu et ses hommes parviennent à s’emparer du cimetière de Dompaire, ce qui donne aux Français le contrôle du champ de bataille. Au sud, les Chasseurs d’Afrique de tête de Minjonnet sont momentanément surpris par la colonne sud de la 112. PzBrig en direction de Ville-s/-Illon mais les Français repoussent sans ménagement les assaillants qui perdent 7 chars Pzkw IV. Dès lors, manœuvrant habilement sur les flancs de la 112. PzBrig, le GTL lui inflige des pertes qui ne cessent d’augmenter durant la journée. Résultat, au début de la soirée, von Schellendorf doit évacuer les Panther qui lui restent de Dompaire sous le feu des Français. Il n’a plus que 60 chars disponibles sur 96. Haislip félicite personnellement Leclerc (avec qui il entretient de très bons rapports) et de Langlade pour ce « brillant exemple de coordination air-sol ». Côté allemand, la contre-attaque voulue par Hitler semble bien mal commencer.

– Et la chance tourne le encore le dos aux Allemands durant la journée du 13 septembre. Ainsi, le Groupement Tactique « D » du Colonel Louis Dio (12e Cuirassiers, 1/RMT, 4/RMSM, 3/RBFM, 1er Groupe du 3e Régiment d’Artillerie Coloniale et 2nde Cie du 13e BG), resté jusque-là en réserve de la 2e DB, s’empare de Chaumont mettant définitivement fin à la résistance du Kampfgruppe Ottenbacher. Du côté de la 79th Infantry Division, le 315th Infantry s’empare Neufchâteau après un combat difficile. En revanche, le 313th Infantry du Colonel Wood éprouve davantage de difficultés devant Poussay en raison d’un manque de coordination avec l’artillerie divisionnaire. Finalement, son 2nd Battalion parvient à s’introduire dans le village mais l’obscurité et la confusion contraignent les GI’s à camper à tout près de la ligne allemande.

– Dans le camp d’en face, Walter Lucht tente de convaincre Blaskowitz de retirer son LXVI. Korps depuis plusieurs heures. Mais lorsque son supérieur lui en donne l’autorisation, il est déjà trop tard pour organiser une retraite coordonnée. La retraite générale se transforme donc en véritable sauve-qui-peut. Néanmoins, ayant appris que ses collègues français bataillent durement contre des Panzer sur le flanc droit du Corps, Ita T. Wyche préfère avancer prudemment le 14 septembre. Le 315thétend alors sa ligne vers le sud, tandis que le 106th Cavalry Group effectue des reconnaissances le long de la rive est de la Moselle. Le 2/313th effectue alors une poussée vers l’est depuis Poussay et le 1/313th s’empare alors de Mirecourt. La route Neufchâteau-Epinal est alors définitivement coupée. Au soir du 14, le 2/313th établit son campement à Ramecourt, sur la route à l’ouest de Mirecourt avec pour instruction de bloquer l’arrière-garde allemande qui se retire de Châtenois avec le 315th Infantry du Colonel McAleer sur ses talons. A minuit, la tête de colonne allemande en retraite avance dans le village en se pensant en sûreté. Alors qu’ils s’apprêtent à bivouaquer dans Ramecourt même, les Allemands se retrouvent pris sous le feu d’enfer des Américains dans « combat sauvage » et d’obusiers de la 79th Division. 200 prisonniers sont ensuite envoyés dans les lignes du XVth Corps. A l’aube, selon les rapports américains, on décompte près de 300 cadavres en uniforme Feldgrau.

– Apprenant la série de carnages, von Lüttwitz ordonne à la 112. Panzer-Brigade et au Kampfgruppe Luck de se retirer jusqu’au Canal de l’Est, juste à l’ouest d’Epinal, afin de maintenir ouverte la route permettant à la 16. Grenadier-Division de quitter le chaudron.

Insigne de la 79th Infantry Division

Insigne de la 79th Infantry Division

Major.General Ira T. Wyche (à gauche), avec Eisenhower

Major.General Ira T. Wyche (à gauche), avec Eisenhower

– En dépit des nets succès des soldats de Wyche et de Leclerc, Haislip estime qu’utiliser seulement deux divisions pour couvrir le flanc droit de la IIIrd Army reste insuffisant. Il presse alors son supérieur Patton de lui octroyer une division d’infanterie supplémentaire. Mais le bouillant « Blood ‘n Guts » (« Sang et tripes », surnom de Patton) réplique à son subordonné qu’il n’a rien à lui donner.

– Or, le même jour, des éléments de la 2e DB commandés par le Colonel  Rémy rencontrent le 2nd Régiment de Marche des Spahis de la 1re DFL (Ire Armée Française) près de Clermont. La liaison entre la IIIrd Army et la VIIth Army de Patch est alors assurée mais elle reste encore ténue. Toutefois, la 79th Infantry Division sécurise définitivement la rive occidentale de la Moselle, pendant que la 2e DB fait de même au sud-ouest. Des rumeurs de mouvements de blindés allemands dans le secteur d’Epinal – confirmées par l’engagement des Français à Dompaire – incitent Patton qu’effectuer une poussée vers le sud reste nécessaire.

– Toutefois, la poche allemande restante entre Patton et Patch se vide rapidement. Utilisant tous les véhicules civils qu’elle a pu réquisitionner, les restes étrillés de la 16. Grenadier-Division s’enfuient vers Epinal et dans le désordre comme ils le peuvent.

– Dès le 16 septembre, Haislip et Wyche consolident leurs positions acquises. Le 314th Infantry du Col. Robinson s’accroche sur la rive est de la Moselle à Charmes avec l’appui des obusiers de 105 et 155 mm du XVth Corps. Le même jour, tout le 106th Cavalry Group franchit la Moselle, son aile gauche prend contact avec le flanc droit du XIIth Corps d’Eddy et les blindés légers du Colonel Wilson vont reconnaître la Mortagne, l’extrême limite de la ligne de résistance allemande.

– Le 16 toujours, le GT « V » de la 2e DB s’empare du village de Châtel (au sud de Charmes) après un dur engagement. Mais tard dans l’après-midi, un fort parti de chars de la 111. PzBrig (15 Panther et 2 Bataillons d’Infanterie) effectue une attaque en tenaille contre Châtel. Sans tarder, Leclerc expédie des renforts à Billotte qui repousse durement l’ennemi. Un officier est même capturé. Néanmoins, Leclerc préfère retirer ses hommes sur la rive gauche de la Moselle afin de ne pas avoir d’unité isolée. Toutefois, le 17 septembre, des éléments de la 2e DB commandés par le Colonel J. Rémy (remplaçant du Colonel Michon à la tête du 1er Spahis du Maroc) patrouillant près de Bains-les-Bains prennent contact avec des éléments avancés du IInd Corps d’Armée du Général Joseph de Goislard de Montsabert. Soulagement pour Patton et Haislip qui peuvent être assurer de la couverture de leur flanc droit.

– Enfin, pendant la nuit du 17-18 septembre, la 2e DB peut venir flanquer la 79th Infantry Division sur la rive ouest de la Moselle, à l’exception du 1er Régiment de Marche des Spahis du Maroc et GT de Langlade qui restent respectivement placés en échelons à droite et en arrière de la Division.

4 – L’avance sur la Meurthe

– Avec les succès de ses unités, Haislip espère relancer son attaque vers la Moselle en avançant en colonnes avec le 2e DB en tête qui doit précéder l’Infanterie de la 79th Infantry Division. Mais le 18 septembre, une contre-attaque allemande mieux coordonnée vient frapper le XIIth Corps à Lunéville. Le même jour à 13h45, George S. Patton arrive au QG d’Haislip pour une conférence en présence de Wyche et de Leclerc. Après l’entretien, Patton ordonne de passer définitivement la Moselle, confirmant à Haislip le rôle de flanc-garde octroyée à son unité. Mais Patton change l’axe de progression du XVth Corps en l’orientant vers le nord-est. La 79th Infantry Division doit avancer vers Lunéville pour appuyer l’aile droite du XIIth Corps d’Eddy. L’effort principal doit être fourni par la 2e DB avec la mission de traverser la Moselle et de pousser vers l’est en liaison avec la 45th US Infantry Division (Major.General Walter W. Eagles) de la VIIth Army. Toutefois, les troupes allemandes qui font face à Haislip sont en grande partie composées de détachements à faible valeur combattive. Durant l’après-midi du 18 septembre, le 314th Infantry du Colonel Robinson ouvre la marche derrière les blindés légers du 106th Cavalry Group et dépasse Moriviller à la fin de la journée. De son côté, le 313th Infantry de Wood traverse la Moselle et arrive en camier jusqu’à Einvaux. Enfin, le 315th Infantry de McAleer reste en réserve et marche sur les talons du 313th. Seulement, la 79th Division s’est mise trop tard en marche pour atteindre la Mortagne, conformément aux ordres de Patton.

– La 2e DB commence à rouler en fin d’après-midi avec pour ordre de s’arrêter sur le  tronçon routier situé entre Saint-Pierremont et Gerbéviller qui suit le lit de la Mortagne. Leclert laisse alors le GT de Langlade à l’ouest de la Moselle comme flanc-garde et donne ordre au GT Dio de franchir la Moselle. Sans tarder, les équipes du Génie jettent trois ponts sur la Moselle pour permettre aux chars et aux hommes du Colonel Dio de traverser les rues de Châtel guidés par… des camions allemands enflammés, ainsi que par des tirs ennemis provenant d’habitations. A la tombée du jour, le GT Dio avait nettoyé Châtel et fonce vers la Mortagne qui est atteinte à 14h00. Le soit même, les Français parviennent à passer la rivière près du village de Valois, avant de lancer plusieurs reconnaissances sur la rive droite de la Meurthe, qui est atteinte avant Minuit.

– Le 19, les deux divisions d’Haislip jettent leurs unités sur la Mortagne. Sur la gauche de la 79th Division, le 313th Infantry avance sans réelle opposition avant de devoir chasser des éléments du Panzergrenadier-Regiment 192 de Xermaménil. La 21. PzD étant alors bien trop dispersée pour jouer un rôle défensif efficace. Arrivant à pied, le 314th Infantry arrive sur la Mortagne à 18h00 avant de lancer un assaut sur Gerbéviller, dont les ponts mènent à l’une des meilleures routes à l’est de la Mortagne. Robinson lance ses soldats à l’assaut durant la soirée mais les GI’s fatigués ne parviennent à s’emparer de la petite localité. Toutefois, les Allemands profitent de la nuit pour quitter Gerbéviller.

– Les troupes d’Haislip ont donc réussi à trouer la faible ligne allemande le long de la Mortagne en une demi-douzaine de points. Durant la nuit du 19 septembre, von Manteuffel appelle Edgar Feuchtinger pour lui ordonner de retirer sa faible 21. Panzer-Division (alors renforcée par la 112. Panzer-Brigade) derrière la Meuse. Sauf que les détachements reculant sur le flanc gauche (sud) se retrouvent pris au piège par le raid français sur Vathiménil et ne doivent leur salut que dans la fuite à pied, devant ainsi abandonner 200 véhicules mais aussi plusieurs chars de la 112. Panzer-Brigade.
– Le 20 septembre, le 313th Infantry fait son entrée dans Lunéville renforçant le contact avec le XIIth Corps d’Eddy et oblique vers le sud-est pour frapper dans le flanc ennemi par la rive droite de la Meurthe. Plus au sud, le 314th Infnatry atteint la Meurthe mais doit s’immobiliser à cause d’un feu nourri provenant de la Forêt de Mondon.

– Du côté de la 2e DB, le GT de Langlade est relevé par la 45th US Infantry Division. Avec la VIIth US Army maintenant en position pour démarrer une attaque sur la Moselle avec son aile gauche, le Colonel de Langlade peut rejoindre le reste de la division.

Par conséquent, Patton peut attribuer un rôle plus offensif à Haislip. Il lui ordonne donc de chasser les derniers allemands du secteur de Lunéville et de s’emparer de la Forêt de Parroy. La prise de ce point, dévolu à la 79th Infantry Division fait l’objet d’un combat particulièrement sanglant.

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