Alors que les VIIIth Army Corps et IInd Canadian Corps tente de dégager définitivement Caen tout en sécurisant les rives de l’Orne, les XIIth et XXXth Corps lancent une série de nouvelles opérations pour forcer le cours de l’Odon et s’emparer définitivement de la Cote 112, secteurs toujours sous le contrôle des bouches à feu et des Panzer du II. SS-Panzer-Korps de Bittrich.

– L’Opération baptisée « Jupiter » est planifiée par Dempsey en vue de prendre définitivement la Cote 112 et d’assurer la progression du XXXth Corps entre l’Odon et l’Orne en saisissant la route Evercy – Eterville – Caen. Son succès serait intéressant pour les Britanniques car il permettrait d’élargir le « couloir des écossais » constitué à l’issue de l’Opération « Epsom » et empêcherait aussi le II. SS-panzer-Korps de Bittrich de se servir de la Cote 112 comme tremplin de contre-attaque. C’est la 43rd « Wessex » Division du Major.General Gwilym Ivor « Butcher » Thomas qui est chargée de cette mission, avec l’appui des Sherman de la 4th Armoured Brigade de Richard Carver, des MK VII Churchill de la 34th Tank Brigade de William S. Clarke, ainsi que des chars spéciaux de la 79th Armoured Division.
1 – L’ASSAUT DES 129th ET 130th BRIGADE (« JUPITER »)
– La mission de prendre la Cote 112 échoit à la 129th Brigade du Brigadier Mole. Appuyé par les pièces de 5.5-inches (139,7 mm) du VIIIth Corps, elle doit rompre les lignes des SS-Panzergrenadier-Regiment 21 et 22 (10. SS « Frundsberg ») pour contrôler définitivement la Cote 112 et accrocher la route Evrecy – Eterville. La 129th est appuyée par les Churchill Mk VII « Crocodile » du 7th Royal Tank Regiment (79th Armoured Division).
L’assaut des trois Battalions de la 129th démarre à 05h00 le 10 juillet du matin sous un fort couvert d’artillerie qui matraque les lignes du SS-PzGren.22. Dès la première heure, le 4th Bn. Wiltshire Regiment du Lt.Col. Luce enlève les positions du III/SS-PzGren.21 (SS-Obersturmbannführer Alfred Bünning) plus facilement que prévu avec l’appui des mitrailleuses lourdes Vickers et des mortiers du 8th Bn. Middlessex et les « Crocodile » du A Squadron du 7th RTR. Sauf que les fantassins britanniques sont joués par la ruse des Waffen-SS qui surgissent de leurs tranchées pour leur tirer dans le dos. Malgré un combat particulièrement confus et sanglant, les fantassins britanniques parviennent à accrocher la route d’Evrecy à 06h30. Seulement, le bruit des combats a alerté les équipages de Tiger I et II du SS-schwere-Panzer-Abteilung 102 (SS-Obersturmbannführer Hans Weiss) qui stationne au nord du hameau de la Coquerie, au sud de Saint-Martin. C’est dans cette unité à la redoutable puissance de feu au niveau tactique que sert l’un des as de la Panzerwaffe, le SS-Oberscharführer Wilhelm « Will » Fey.

– C’est alors que les Tiger I de la SS-sch.PzAbt.102 (1. Kompanie d’Alois Kalls) contre-attaquent depuis Saint-Martin avec 7 monstres qui progressent à la faveur du brouillard. Malgré un dur affrontement et un canon antichar détruit, les Tiger rebroussent chemin et se maintiennent en appui des Panzergrenadier. Cependant, les Britanniques sont bloqués.
– L’assaut du 5th Bn. Wiltshire (Lt.Col. Kenrick) s’avère sanglant et infructueux. En effet, s’élançant à partir de Baron-s/-Odon et progressant dans le brouillard sous couvert d’artillerie, les fantassins britanniques buttent d’abord sur les bonnes défenses du II/SS-PzGren. 21 mais finissent par accrocher la route Evrecy-Etterville et s’y enterrent. Mais le Battalion ne peut aller plus loin malgré l’appui Tank Destroyers M10 Achilles (armés du canon antichar de 17 livres) du 86th Anti-Tank Regiment et de celles de l’Army General Reserve Artillery (AGRA). En une journée, le 5th Wiltshire a perdu 128 hommes.
– Au centre, la 130th Infantry Brigade tente du secteur d’Etterville – Maltot, tenu par les « Frundsberger » des I/Pz.Gren.Regt. 22 (SS-Hauptsturmführer Friedrich Richter) et II/Pz.Gren.Regt. 22 (SS-Sturmbannführer Hans Löffler). D’abord, les Hawker Typhoon de la 2nd RAF Tactical Air Force matraquent Etterville avec le concours de l’artillerie divisionnaire. Deux chasseurs-bombardiers larguent chacun une bombe dans les lignes du 4th Bn. Dorset, ce qui ne donne pas un bon présage pour l’assaut.
Appuyé par les Churchill du C Squadron du 9th RTR et les Crocodiles du 141st Royal Armoured Corps (RAC), les hommes du 4th Bn. Dorset (Lt.Col. Cowie) chargent contre les positions du I/Pz.Gren.Regt. 22. Plusieurs Panzergrenadiere sont brûlés vifs sur place par les lance-flammes des Crocodiles. Le I/Pz.Gren.22 flanche et les britanniques atteignent Etterville. Si les Crocodiles doivent repartir à l’arrière recharger leur remorque contenant le liquide inflammable. Pendant ce temps, les Churchill du 9th RTR s’en prennent au château d’Etterville où les Waffen-SS tentent d’évacuer leurs blessés. Finatlement, les fantassins de Richter finissent par décamper plus au sud. Cependant, les blessés allemands deviennent un problème pour les Britanniques qui les recueillent avec leur personnel médical, d’autant plus qu’ils leur font perdre un temps précieux et empêchent le 4th Dorset de se porter plus à l’avant. Le Battalion doit alors attendre la relève du 9th Bn. Cameronians ponctionné à la 15th Scottish Division.
– Du côté de la « Frundsberg », Heinz Harmel et son état-major constatent que leurs lignes de communication sont coupées avec les unités de l’avant. Harmel bondit alors dans sa Kübelwagen et se rend en avant du front pour se rendre compte de la situation. Aussitôt, il ordonne au SS-Standartenführer Hans Sander, commandant du SS-Panzer-Artillerie-Regiment 10 de canonner les positions de la 130th Brigade pour l’empêcher d’avancer et ce, avec l’appui des lance-roquettes Nebelwerfer de la Werfer-Brigade 8. Enfin, Harmel ordonne à Deisenhofer de placer des éléments du SS-Panzer-Grenadier-Regiment 22 en renforts prêts à partir.

– Du côté allemand l’alerte a néanmoins été chaude, s’ils s’étaient mieux prix dans leur offensive, les Britanniques faisaient craquer le front de la « Frundsberg » dans le secteur de Maltot. En outre, du côté du II. SS-Panzer-Korps, les effectifs en hommes et en matériels s’amenuisent sans capacité adéquate de remplacement pendant que les munitions d’artillerie accusent un rapport défavorable de 1 contre 20.
Pour consolider et sécuriser la route Etterville – Caen, Willi Bittrich ordonne à la 9. SS-PzD « Hohenstaufen » alors commandée par le SS-Standartenfüher Sylvester Stadler (venu de la « Das Reich », il remplace Thomas Müller blessé) de venir appuyer sa division sœur et de reprendre Maltot. Pour cette mission, Stadler met en lice le SS-Panzergrenadier-Regiment 19 sur la gauche, le SS-Panzergrenadier-Regiment 20 sur la droite et le I/SS-Panzer-Regiment 9 « Hohenstaufen » (le bataillon de Panther) qui doit prendre et tenir la Cote 112.
– Pendant ce temps, la 130th Infantry Brigade (Brig. Bendyshe B. Walton), avec ses deux Battalions restant – 7th Bn. Royal Hampshire (Lt-Col. GCP Lance) et 4th Bn. Dorsetshire (Lt-Col. Cowie) – ainsi que le 9th Bn. Cameronians (Lt-Col. R.M. Villers – prélevé sur la 15th Scottish Division) partent à l’assaut du village d’Eterville, au nord-est de la Cote 112. Malheureusement, les Tommys se font arrêter net par les tirs des Panzer IV du II/SS-Pz-Regt 10 « Langemarck » (SS-Sturmbannführer Leo F. Reinhold) et des Tiger I du SS-schwere-Panzer-Abteilung 102 (SS-Sturmbannführer Hans Weiss). Dans un effort, le 7th Hampshire parvient à accrocher Maltot mais doit rebrousser chemin tellement sa position devient intenable.
Insigne de la 43rd Wessex Division. Il s’agit de la Vouivre (Wyvern) qui était l’emblème de l’ancien royaume du Wessex de l’Heptarchie du VIIe siècle
2 – CORNWALL’S HILL
– Pour débloquer la situatione et éviter de transformer son offensive en combat de la Grande Guerre, Thomas fait donner le 5th Duke of Cornwall’s du Lt.Col Richard « Dick » James (214th Brigade) contre le Bois-Carré dont de nombreux arbres ont été décapités par les obus. Sauf que les conditions d’assaut sont particulièrement exécrables avec des délais trop courts. Thomas et le Brigadier Essame prennent la décision à 15h00 pour que le 5th Bn. DCLI se mette en marche sur le coup de 17h00. L’assaut démarre à 20h00 sous un déluge d’obus. Les DCLI subissent de lourdes pertes mais réussissent à s’emparer du « Petit Verger » (Small Orchard). D’un coup d’œil, le Ltnt. Carmolli de la D Company voit un groupe de Panzergrenadiere SS décrocher du sommet de la Cote 112. Faisant alors preuve d’initiative et sans en demander l’autorisation, il lance sa section à l’assaut et accrocher la Cote 112 sur le coup de 21h00. Le Major Fry, commandant de la D Coy demande alors par radio l’appui de l’artillerie divisionnaire qui répond prestement par un barrage protecteur et des fumigènes. James lance alors les restes de son 5th Bn. DCLI sur le haut de la Cote 112. Plusieurs éléments du SS-PzGren.19 lancent de petites contre-attaques mais la rigoureuse discipline de feu de l’artillerie britannique brise net chaque tentative. Le succès est au rendez-vous mais l’exaltation va être de courte durée.
– En effet, du côté allemand, la nouvelle de la Cote 112 ne tarde pas à arriver aux oreilles d’Hausser et de Stadler. Celui-ci qui se trouve sur la ligne de front appelle immédiatement son chef d’état-major, le clairvoyant SS-Obersturmbannführer Walter Harzer et lui enjoint de donner ordre au I/SS-Panzergrenadier-Regiment 19 (SS-Sturmbannführer Ernst Hangenlocher) comme au Bataillon de Panther (H. Bollert) de se mettre en marche, avec l’appui de 2 Kompanien du SS-Panzer-Pionier-Bataillon 9 et de SdKfz 124 « Wespe » et SdKfz 165 « Hummel » du SS-Panzer-Artillerie-Regiment 9. Prévue à 01h20, la contre-attaque ne peut démarrer à l’heure prévue car Hagenlocher doit faire marcher ses hommes de nuit alors que les Panther du I/SS-Pz.Rgt.9 ne sont toujours pas là. Des Tiger du 102 doivent aussi se joindre à l’assaut mais ils ne sont toujours pas au rendez-vous.

– Constatant l’échec de la journée, Thomas décide de remettre l’assaut au lendemain. Le 11 juillet donc, les 129th et 130th Brigades tentent de prendre Maltot et Etterville, avec l’appui du Régiment des Scots Greys (4th Amoured Brigade) du Lt-Col. ACG Readman. Pour l’anecdote historique, vétéran des campagnes d’Afrique, les Scots Greys forment l’un des plus vieux régiments de l’Armée de Sa Majesté avec à son actif (entre autres) les batailles de Fontenoy et de Waterloo.
– L’assaut britannique redémarre donc durant la matinée du 11 juillet mais il se révèle infructueux. Les Tiger et Panzer IV « allument » les Sherman et Churchill trop téméraires. Aucun des objectifs initiaux ne peut être atteint et Thomas reçoit l’ordre de maintenir sa « Wessex » sur ses positions de départ et sur le Bois-Carré. En trente-six heures de combat, la 43rd Division a perdu près de 2 000 hommes ! Seule consolation pour les Britanniques, Jupiter a forcé le commandement allemand à maintenir la 9. SS-PzDiv « Hohenstaufen » en réserve sur l’Odon au lieu d’être redéployée au sud de Caen.
2- ECHEC DES ECOSSAIS A ETERVILLE
– A la gauche (est) de la 43rd « Wessex », la courageuse 15th Scottish Division s’apprête à repartir à l’assaut contre les positions du SS-Panzergrenadier-Regiment 1 « Leibstandarte Adolf Hitler » commandé par le SS-Standartenführer Albert Frey.
A 14h00, la 46th Highland Brigade (2nd Glasgow Highlander et 7th Seaforth Highlander, moins le 9th Cameronians) par à l’assaut vers la ligne Louvigny – Etterville mais se heurte très vite à une forte résistance de la part du SS-PzGren.1 à hauteur de Rocreuil avant d’être heurtée par une contre-attaque du SS-Sturm-Geschützt-Abteilung 1 (SS-Obersturmbannfüher Holst).
Durant la soirée, c’est le SS-Panzergrandier-Regiment 20 du SS-Standartenführer Emil Zollhöfer lance une série de contre-attaques contre les Ecossais. A 04h35, au prix de furieux combats les Grenadiers de Zollhöfer parviennent dans Eterville.
Aussitôt, le SS-PzGren.20 pivote prendre d’assaut le versant ouest de la Cote 112 afin d’y chasser le DCLI. S’il parvient à escalader le monticule, une contre-attaque britannique bien appuyée par l’artillerie divisionnaire permet à la 130th Brigade de reconquérir la Cote. Très vite, les Britanniques viennent à surnommer la vallée de l’Odon, la « vallée de la mort ».
– Les 12-14 juillet, les combats perdent en intensité. Des deux côtés les pertes sont particulièrement élevées et les hommes encore en état de combattre sont physiquement à bout. La Luftwaffe intervient néanmoins puisque les Junker Ju-87 Stuka de la III/Schlachtgeschwader (Major Gerherd Weyert) lancent un raid contre les poisitions britanniques pour soulager les éléments du SS-PzGren.19. Le lendemain, les éléments de la 10. SS « Frundsberg » (SS-Panzegrenadier-Regiment. 22) viennent relever ceux de la « Hohenstaufen », alors que les efforts des mécaniciens des ateliers permet de remettre en état 13 engins, ce qui porte à 16 Sturmgeschützte, 19 Panzer IV et 38 Panther le nombre de blindés disponibles.
Du côté britannique, en dépit des sacrifices de sa division, le Major.General Ivor « Butcher » Thomas n’a pas vraiment de raison pour pavoiser puisqu’il a perdu 2 000 combattants pour une avancée maximum de 1 500 mètres environ. Les « Wyverns » (surnom des soldats de la 43rd Divsion en référence à la Vouivre arboré sur l’insigne) doivent alors être mis au repos et leurs effectifs complétés par des remplaçants ou en « vampirisant » les unités de DCA.
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