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Robert Surcouf

Véritable célébrité en Bretagne et tout particulièrement à Saint-Malo, Robert Surcouf reste sans doute le marin le plus célèbre du Consulat et de l’Empire mais aussi le plus talentueux corsaire de cette époque.
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Issu d’une famille de noblesse aux origines normandes, les Surcouf de Maisonneuve, Robert Surcouf voit le jour le 12 décembre 1773 à Saint-Malo dans la rue Pélicot ou dans la rue de la Bertaudière selon différentes sources, de Charles-Ange Surcouf et de Rose-Julienne Truchot de la Chesnais, commerçants.

Destiné à la prêtrise, le jeune Robert entre au Collège de Dinan en 1787 tenu par des prêtres. Mais ce robuste jeune homme révèle déjà un caractère intrépide et s’échappe avec fracas du collège et parcours sept lieues pour s’engager comme mousse sur « Le Héron ». Toutefois, au vu de ses aptitudes et de son instruction, il devient bientôt apprenti-navigant sans solde mais échappe aux corvées. Cette situation à bord lui permet d’acquérir des compétences en matière de navigation.  En 1789, après avoir navigué dans l’Atlantique, il embarque en tant qu’officier sur un navire négrier, « L’Aurore » commandé par le Capitaine de Tardivet qui fait route vers l’Île de France (Île Maurice). Surcouf peut alors démontrer de bonnes aptitudes dans la navigation comme dans la vie à bord et le maniement des armes malgré son jeune âge et se distingue particulièrement lorsque le navire fait naufrage dans le Canal du Mozambique.

Après trois ans de navigation, Robert Surcouf rentre en France pour s’embarquer immédiatement sur le « Courrier d’Afrique » à destination du Mozambique, puis sur « La Revanche » pour Madagascar et sur la « Bienvenue » comme Timonier. Rentré une seconde fois en France en 1792, il y découvre la nouvelle situation politique et militaire. Il s’engage d’abord sur un navire négrier, « Le Navigateur » à destination du Mozambique avant de s’engager comme Lieutenant dans Marine de guerre pour combattre les Anglais.

D’abord officier en second sur « La Cybelle », il connaît son baptême du feu le 22 octobre 1794 lors du premier combat de la Rivière Noire contre les HMS « Centurion » et « Diomede » commandés par le Commodore Osborne. Il s’y distingue particulièrement mais préfère très vite la guerre de course au combat pont contre peu.

En 1795, il prend le commandement de « L’Emilie » (30 hommes et 4 canons) dans l’Océan Indien. Croisant au large du Bengale, de la Birmanie, de l’embouchure du Gange, il arraisonne déjà trois navires anglais. Ayant pris ensuite le commandement du « Cartier » (1796) plus performant que « L’Emilie », il arraisonne d’abord le « Diana », un navire américain sans commettre d’exaction envers l’équipage et les passagers, avant de croiser la route du « Triton », un navire britannique. Avec seulement 18 hommes, Robert Surcouf s’empare du « Triton » et défait les 150 hommes d’équipage après s’être approché en arborant un drapeau anglais au mât. Toutefois, les prisonniers anglais seront transbordés en toute sécurité sur le « Diana », geste que la presse anglaise se fera même l’écho.

Après avoir rendu le « Diana » à son propriétaire, Robert Surcouf repart à bord du « Triton » en direction de la France. Sauf qu’arrivé en Métropole, il découvre un pays en proie à la famine et voit toute sa cargaison confisquée par l’administration du Directoire. En face, on invoque le fait qu’il n’avait pas d’autorisation du Gouvernement pour pratiquer la Guerre de Course. C’est aussi pendant cette escale qu’il est initié à la franc-maçonnerie dans la Loge de « La Triple Espérance » mais en partira bien vite.

En 1798, Surcouf arme « La Clarisse » en vue de repartir dans l’Océan Indien. Il compte cette fois 105 hommes d’équipage et 18 canons. Arrivé d’abord à l’Île de France, il arraisonne 2 bricks anglais et 2 portugais, puis ensuite 2 autres navires de commerce anglais avant de faire route vers Sumatra. Le 11 novembre, il capture de vive force le HMS « Auspicious » au large de Sumatra et s’empare d’un butin équivalent à 1 million de francs. Il échappe ensuite à la capture en devançant la « Sibylle » dans le Golfe du Bengale et parvient à se réfugier à l’Île de France. Au vu de ses exploits, Surcouf devient très vite un personnage très populaire dans les îles comme en France.

De retour en France, il se trouve à Bordeaux quand il effectue la visite d’un nouveau vaisseau corsaire baptisé « La Confiance » , vaisseau de 364 tonneaux embarquant 150 hommes et 18 canons. C’est alors que les armateurs lui proposent le commandement qu’il accepte bien volontiers.
Reparti affronter la Royal Navy dans l’Océan Indien, Surcouf capture un brick danois, les HSMS « Praise » (trois-mâts), l’ « Harriet » et le « Tiger ». Le 7 octobre 1800, le malouin accomplit son combat le plus célèbre. Après une habile manœuvre, il aborde le HMS « Kent » (400 hommes, dont une bonne proportion de fusiliers embarqués* et 40 canons) et capture le navire aux prix de 20 tués et blessés contre 70 à l’ennemi. En ramenant le lourd vaisseau à l’Île de France, Surcouf reçoit un accueil triomphal. Ses exploits incitent alors les Anglais à mettre sa tête à prix pour l’équivalent de 5 millions de francs. C’est notamment à l’issue de cet affrontement que Surcouf aurait eu le célèbre échange verbal avec le commandement du Kent.
« – Vous Français vous battez pour l’argent et nous pour l’Honneur.
– On se bat pour ce que nous ne possédons pas ! »

Après un retour particulièrement romanesque en France, Surcouf débarque à La Rochelle en 1801. Il décide alors de mener une vie d’armateur. Il s’installe dans une malouinière de la cité fortifiée de Saint-Malo se marie ensuite avec Marie-Catherine Blaize de Maisonneuve. De cette union naîtront sept enfants.

Après la rupture de la Paix d’Amiens en 1803, Napoléon convoque offre le titre de Capitaine de Vaisseau à Surcouf ainsi que le commandement de 2 frégates dans l’Océan Indien. D’abord tenté, il refuse car il estime que cela le rendrait dépendant d’un commandement qui pourrait ne pas lui laisser sa liberté d’action. Toutefois, il conseille au futur Empereur de privilégier la guerre de course au lieu des batailles rangées. Ce refus n’empêche pas Napoléon d’octroyer la Légion d’Honneur à Surcouf le 18 juillet 1804.
Toutefois, l’armateur malouin profite de son importante fortune pour équiper des navires de courses. Mais il n’obtient pas les résultats escomptés que lorsqu’il était à la barre.

En 1807, Robert Surcouf décide de reprendre la mer et embarque sur un trois-mâts baptisé « Le Revenant » , équipé de 20 bouches à feu et pouvant filer à 12 nœuds. Après avoir arraisonné plusieurs navires anglais, il force le blocus de l’Île de France et reçoit un nouvel accueil triomphal. Seulement, il s’entend très mal avec le Gouverneur Decaen. Sourcouf repart ensuite pour le Golfe du Bengale où il capture plusieurs navires anglais qui ne prennent pas le risque de combattre. De retour à l’Île de France, Surcouf a la mauvaise surprise de se voir confisquer l’un de ses navires par un Decaen jaloux des succès du malouin. Bientôt, ce sont les biens du corsaire dont le Gouverneur s’empare. Une querelle va opposer les deux hommes et il faudra l’intervention favorable de l’Empereur pour que Surcouf recouvre ses biens en 1810. Il retourne en France en 1808 à bord du « Charles » après avoir laissé son commandement à Joseph Potier qui ne déméritera pas. Le « Revenant » sera baptisé l’ « Iéna », mais ensuite capturé par les Anglais il sera repris par la « Bellone ».

Avec une nouvelle fortune de 8 millions de francs, il arrive à Paris où il est reçu par Decrès Ministre de la Marine qui lui dresse un rapport particulièrement élogieux. Reçu ensuite par Napoléon, Surcouf reçoit la dignité de Baron d’Empire.

Il se retire ensuite à Saint-Malo mais reprend temporairement du service en 1814 comme commandant de la Garde Nationale de la ville en prévention d’attaque anglaise. Durant les Cent-Jours il ne se rallie pas à l’Empereur et se consacre à ses activités d’armateur. Cela ne l’empêchera pas de commettre son dernier exploit après Waterloo en tuant en duel trois officiers prussiens l’un après l’autre avant de recommander aux autres de quitter le combat.

Ce grand marin s’éteint le 8  juillet 1827 dans sa ville natale. La capture de 47 navires britanniques et autres est à mettre à son actif.

Il a donné son nom à plusieurs navires dont le premier sous-marin reprenant le combat contre les Allemands en 1940. L’image de Robert Surcouf est toujours très populaire à Saint-Malo aux côtés de son prédécesseur René Duguay-Trouin et François-René de Châteubriand.