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Amiral Jehan V de Bueil « Fléau des Angloys »

Fils de Jehan IV de Bueil – Seigneur de Bueil, de Montrésor, d’Aubijoux, de Château-la-Vallière, de Courcillon, de Saint-Calais, d’Ussé et de Vailly-sur-Sauldre –  et de Marguerite de Sancerre, Jehan V de Bueil voit le jour en 1406.
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En 1418, son oncle Hardouin de Bueil Évêque d’Angers lui lègue la Saigneurie de Vaujours. En 1422, il devient écuyer et démarre son apprentissage auprès de Guillaume Vicomte II de Narbonne. A dix-huit ans, il participe à la bataille de Verneuil aux côtés du Duc Jehan II d’Alençon. Après cette défaite, il passe comme mercenaire sous les ordres d’Etienne de Vignolles dit « La Hire ».

Jean V de Bueil se taille alors une solide réputation de guerroyeur qui lui vaut le surnom de « Fléau des Angloys ». Fait Capitaine de Tours à seulement vingt-ans en 1428, il rejoint Jehan Bâtard d’Orléans dans Orléans assiégée avec 800 hommes et participe activement à la défense de la ville. Après avoir reçu 200 Livres Tournois du Trésor Royal, Bueil se range ensuite sous la bannière de Sainte Jehanne d’Arc et participe aux combats de Jargeau, Meung-s/-Loire, Beaugency, Patay et assiste au sacre de Reims.

Dans les années 1430, il participe à plusieurs combats en Normandie avant de recevoir vers 1438-1439, sur l’entremise d’Yolande d’Aragon, la charge de Capitaine Général du Roi en Anjou et Maine. Cette charge le rattache alors au « Parti Angevin » fermement anti-anglais que dirige la Duchesse d’Anjou et belle-mère de Charles VII. Bueil défend alors activement le Maine et l’Anjou contre les compagnies d’hommes d’armes sans soldes qu’ils soient anglais ou français. Il doit aussi guerroyer un temps contre André de Lohéac pour la possession de la forteresse de Sablé-s/-Sarthe.

En 1439, Jehan V de Bueil réalise l’un de ses plus beaux coups d’éclat en s’emparant par la ruse de la place forte de Sainte-Suzanne (non loin de Laval) et y chasse les Anglais commandés par Matthew Gough en l’absence de John Falstof. Il profite alors du moment pour s’installer solidement dans Sainte-Suzanne alors que la place appartient à la famille d’Alençon.

En 1439-1440, il rejoint les rangs de la « Grande Praguerie » menée par le Dauphin Louis aux côtés du Duc d’Alençon et de Dunois. Après la défaite des comploteurs, Bueil rentre en grâce auprès de Charles VII qui lui ordonne de remettre la place à la famille d’Alençon, ce qu’il fera effectivement…en 1447.
En 1444, Charles VII lui confie une armée qui part affronter les Cantons Suisses coalisés contre l’Empire à Bâle. Bueil participe donc activement à la victoire de la Birse (ou de Saint-Jacques) près de Bâle aux côtés du Dauphin Louis.
En 1445, lorsqu’Arthur de Richemont Connétable de France fond les Compagnies d’Ordonnance, Jehan V de Bueil prend le commandement de l’une d’entre elles.
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En 1450, après la mort de l’Amiral Prégent de Coëtivy lors du siège de Cherbourg, Jehan V de Bueil est nommé Amiral de France et fait Vicomte de Carentan par Charles VII autant pour ses compétences que pour limiter l’influence bretonne des hommes de Richemont dans les institutions militaires du Royaume. Il est cependant important de préciser qu’à l’époque, Amiral n’est pas un grade mais une dignité dans la Marine. En outre, l’Amiral de France possède des pouvoirs étendus sur la Marine de Guerre, le commerce, ainsi que des droits de justice sur toute la juridiction de l’Amirauté.

En 1451, Bueil obtient le Comté de Sancerre légué par son oncle Béraud III. En 1453, il prend part à la victoire de Castillon sur les Anglais. Lors de la liquidation des biens de Jacques Cœur, il en profite pour acheter la Seigneurie de Barlieu pour 3 000 écus d’or, ainsi que les Châtellenies de Vailly, de Charpignon comme les Prévotés du Mêche et de Bannerois. Il vend enfin son château de Gelles à Antoine de Chabannes.

En 1461, après la mort de Charles VII et l’avènement de Louis XI, Jehan V de Bueil voit sa position fragilisée à la Cour face au Roi qui veut se débarrasser des anciens conseillers de son père au profit de ses hommes à lui. Jehan V de Bueil doit alors rendre sa charge à Jehan de Montauban. Mécontent quant au nouveau roi, Bueil rejoint la Ligue du Bien Public fondée par Charles le Téméraire en 1465. Il n’est pas le seul, puisque l’on trouve aussi d’anciens grands noms de la Guerre de Cent Ans tels le Comte de Clermont, Jehan de Dunois et Antoine de Chabannes.

Cependant, en 1469, Louis XI qui a besoin d’hommes de guerre de qualité contre le Duché de Bourgogne, réussit à retourner Jehan de Bueil et Antoine de Chabannes. Retrouvant alors sa place de Conseiller royal et se voyant octroyé la charge de Chambellan, Bueil combat encore brillamment et remporte les victoires d’Ouchy et de Ribemont en 1473. En 1476, il obtient la Seigneurie de Courcillon.

Jehan V de Bueil s’éteint en juillet 1477 à une date non précisée par les chroniqueurs.
Il s’était marié deux fois ; la première avec Jehanne de Montjean (fille de Jehan de Montjean et d’Anne de Sillé), puis après son veuvage, avec Martine Turpin de Crissay (fille d’Antoine de Crissay et d’Anne de la Grézille). De son premier mariage il eut un fils, Antoine et de ses secondes noces, un second fils Edmond et une fille Françoise.

Sources :
– MINOIS Georges : La Guerre de Cent Ans, Perrin
– MURRAY-KENDALL Paul : Louis XI. L’intelligence au pouvoir, Marabout
– http://www.le-petit-manchot.fr