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Soixante-dix ans de la campagne de Lorraine – Onzième partie

VIII – L’OFFENSIVE SUR LA SARRE

A – L’OFFENSIVE DU XIIth CORPS : PREMIERE PHASE (8-17 NOVEMBRE)

– Durant la dernière semaine d’octobre, Manton S. Eddy et son état-major s’emploient à mettre au point un plan afin d’établir une tête de pont sur le Rhin entre Oppenheim (au sud de Mayence) et Mannheim, avec pour objectif final la région de Darmstadt. L’avance du XIIth Corps doit s’effectuer rapidement pendant que le XXth Corps s’emploie à encercler Metz. L’ordre paraît le 3 novembre, sous la dénomination Field Order No. 10.
Eddy dispose d’une redoutable force de 5 divisions (plus de 70 000 hommes), soit 3 d’infanterie (26th, 35th et 80th) et 5 blindées (4th et 6th), appuyées par 17 bataillons d’artillerie, 9 bataillons du Génie, 7 bataillons de chasseurs de char, 7 bataillons d’artillerie antiaérienne, 3 bataillons autonomes de chars (pour soutenir chaque division d’Infanterie) et 2 Escadrons de cavalerie mécanisée. Pour les Divisions d’Infanterie, les 35th et 80th Divisions, très éprouvées durant le mois d’octobre, ont reçu des remplaçants provenant de Grande-Bretagne et des unités de dépôts. En revanche, la 26th, arrivée sur le front de Lorraine en octobre, est à effectifs pleins.

– Le renseignement du XIIth Corps estime que les Allemands leur opposeront les 559. et 361. Volks-Grenadier-Divisionen – aux effectifs complets –,des éléments de la 48. Infanterie-Division, ainsi que d’autres unités. Le tout comptant 15 000 hommes en tout, appuyés par 20 engins blindés (chars et canons d’assaut). Le renseignement d’Eddy pense aussi que la 21. PzD se trouve en arrière de la zone de progression du XIIth Corps. Là encore, il se trompe puisque la 21. PzD ne se trouve pas à l’arrière mais dans la zone de la 19. Armee. Toutefois, elle se retrouvera aux prises avec la 2e DB française courant novembre.

– Du côté allemand justement, la 361. Volksgrenadier-Division (Oberst Alfred Philippi) se trouve dans le secteur de Moyenvic depuis le 23 octobre, après qu’elle ait relevé la 11. Panzerdivision. C’est une unité formée à partir de marins, de personnels administratifs et de la Luftwaffe transformés en fantassins mais disposant de presque toute son artillerie. Quant à la 559. VGD de Mühlen qui tient le secteur de Château-Salins, elle a été sévèrement malmenée par les forces d’Eddy durant le mois d’octobre et se trouve considérablement affaiblie. La 48. Infanterie-Division du Generalleutnant Carl Casper n’a pas une meilleure situation, ayant accumulé les pertes depuis l’été face à la IIIrd Army. Et si 2 de ses régiments ont reçu leur entraînement, le troisième, le Grenadier-Regiment 128 n’est absolument pas prêt pour le combat.
Les Allemands ont connu une réorganisation de leurs unités. Le LVIII. Panzer-Korps de Walter Krüger a quitté la Lorraine début novembre pour rejoindre la frontière germano-belge. Il a été remplacé par le LXXXIX. Armee-Korps du General der Infanterie Gustav Höhne, qui tient le secteur sur la gauche du XIII. SS-Korps de Hermann Priess, tout comme le secteur allant du Canal Rhin-Marne jusqu’à Malaucourt. Au début de novembre, la 559. VGD laisse un régiment de réserve près de Château-Salins, tandis qu’un Régiment de la 361. VGD reste aussi en retrait près de Dieuze. Enfin, la 11. Panzerdivision de von Wietersheim reste positionnée en réserve tactique à l’ouest de Saint-Avold, après avoir été rééquipée suite aux combats contre la 4th Armored Division. Elle compte alors 19 Pzkw Mark IV et 50 Panther flambants neufs, ce qui en fait une force plus qu’appréciable au vu de la situation de la Heer dans ce secteur. Hitler a lui aussi donné une unité de réserve au Groupe d’Armée G, en envoyant le 401. Volks-Artillerie-Korps, fort de 5 bataillons d’artillerie. Cette unité arrive aussi dans le secteur de Saint-Avold au début du mois de novembre. Enfin, la 243. Sturmgeschützte-Brigade reçoit l’ordre de se porter dans le secteur de Dieuze afin de relever la 21. Panzer-Division.
D’autre part, les Allemands peuvent bénéficier des obstacles naturels formés par le massif forestier, les marais et les lacs qui gênent l’accès à la Sarre dans le triangle Dieuze – Mittersheim – Gondrexange, entre les Basses-Vosges et la frontière allemande de 1939. L’Ouest de la Sarre est couvert par une série de plateaux délimités par la Seille (Morhange et Dieuze). Et le Plateau de Dieuze est couvert par les Forêts de la Bride et de Château-Salins. Au nord-ouest, s’étend une barrière militaire isolée connue des Américains sous l’appellation de Côte de Delme. Celle-ci est d’une importance tactique certaine puisqu’elle domine la Seille et la Nied.

– Le plan d’attaque du XIIth Corps est donc prêt le 5 novembre et est approuvé par Patton qui laisse Eddy et ses commandants de divisions agir de façon autonome quant aux opérations. L’attaque doit être déclenchée par les trois divisions d’infanterie, couvertes par les deux divisions blindées sur leurs flancs (4th sur la gauche et 6th sur la droite). Les deux unités de chars ont pour ordre de pénétrer dans le dispositif allemand dès que l’exploitation de percée est rendue possible. – La 26th Infantry Division du Major.General Willard S. Paul qui forme la droite de la ligne d’attaque XIIth Corps doit attaquer au nord du Canal Rhin – Marne, sur la Crête Saint-Jean sur le Plateau de Koecking et Guebling.
Au centre, les « anciens » de la 35th Infantry Division du Major.General Paul W. Baade ont pour objectif l’ouest de Château-Salins et l’est du Plateau de Morhange. Enfin sur la gauche, la 80th Infantry Division de Horace McBride doit s’emparer de Morhange. Enfin, le flanc droit du XIIth Corps est couvert par le 2nd Cavalry Squadron qui surveille la rive nord du Canal Rhin-Marne.

– Eddy pourra aussi compter sur l’écrasante supériorité de son artillerie et de la couverture aérienne fournie par le XIXth TAC. Les 17 bataillons d’artilleries (pièces de 105, 155, 203 et 240 mm) doivent matraquer les lignes adverses durant 03h30, avant que les 20 bataillons d’artilleries divisionnaires ouvrent le feu à leur tour 30 minutes avant l’assaut. Chaque bataillon d’artillerie s’est vu attribué des cibles précises. Ainsi les calibres lourds doivent rompre les principales concentrations comme les positions d’artillerie ennemies. Enfin, les pièces antiaériennes de 90 mm, plusieurs batteries de Howitzer de 105 mm, les canons antichars de 57 mm et les chasseurs de chars doivent appuyer l’assaut de l’infanterie au plus près contre les positions de mitrailleuses et de mortiers ennemies. Le 5 novembre, chaque unité d’artillerie a défini son plan de feu grâce aux avions Piper Cubs qui ont observé les positions allemandes. Juste à temps, car le même jour une pluie torrentielle s’abat sur la Lorraine. Patton n’était pas favorable à l’utilisation d’une telle puissance de feu, privilégiant l’usage de ses blindés qui selon lui, étaient plus à même de percer vers le Rhin. Opinion loin d’être partagé par les jeunes officiers des bataillons blindés qui ont toujours la crainte (justifiée) de subir le feu aussi efficace que meurtrier des redoutables canons antichars PaK allemands. En outre, les officiers des unités blindées ne voyaient guère comment leurs Sherman – aussi maniables soient-ils – pourraient manœuvrer aisément dans un terrain transformé en bourbier par le mauvais temps de la saison. Beaucoup pensent également qu’une telle opération commence un mois trop tard. Toutefois, les troupes américaines font encore preuve d’optimisme pour la suite des opérations, bien que l’optimisme en question ne soit pas aussi intense qu’en août.
Eddy prévoyait que son attaque commence le  5 novembre. Mais il doit la reculer au 7 en raison du mauvais temps. Mais Patton ne pouvait attendre plus longtemps et lança le mot de code « Play ball » (« lancez le ballon ») pour signifier à Eddy de démarrer son avance dès le 8 novembre. Le 7 novembre à la tombée de la nuit, l’Infanterie d’assaut commence son déploiement sur ses positions de départ. Mais la IIIrd Army comprend à ses dépens ce que Napoléon signifiait quand il parlait du « cinquième élément de la guerre », à savoir la boue.

– Le 8 novembre à 06h00 du matin, l’artillerie du Corps et des  5 divisions démarre son tir de barrage préparatoire. Les communications téléphoniques allemandes sont détruites et la plupart des canons allemands sont mis hors de combat. Pendant vingt-quatre heures – mais par intermittences – les bouches à feu américaines crachent 21 933 obus. Les artilleurs américains ne lésinent pas sur la quantité car nombre d’obus n’explosent pas en heurtant le sol boueux. Malgré le mauvais temps, plusieurs appareils des IXth et XIXth TAC prennent l’air pour apporter leur appui rapproché aux troupes au sol.
Sous le couvert de l’artillerie, l’infanterie avance et ne rencontre d’abord qu’une faible résistance ennemie. Bientôt, les Américains doivent nettoyer plusieurs petites poches de résistance. Mais c’est la boue qui les ralentit le plus. Et pour ne rien arranger, la Seille est en crue, dépassant le niveau de 1919. Toutefois, plus de 1 000 Allemands hébétés se rendent et une importante quantité de matérielle est laissée à l’abandon.

Source : http://www.ibiblio.org

– Du côté du commandement allemand, on est complètement surpris par la brutalité de l’attaque américaine qui se déroule dans un secteur qui n’était pas prévu par le renseignement du Groupe d’Armées G. Celui-ci estimait en effet que les Américains frapperaient particulièrement dans le secteur de Thionville ou bien entre Metz et Pont-à-Mousson. En outre, les prisonniers capturés étaient eux aussi complètement surpris, pensant se trouver sur une ligne de repos pour l’hiver.


2 – L’avance de la 26th Division

– Pendant la nuit du 7-8 novembre, la « Yankee Division » se positionne avant l’offensive. Le 104th Infantry Regiment du Colonel Dwight D. Colley s’aligne entre Salonnes et Vic-s/-Seille, le 101st Infantry du Colonel Walter T. Scot se concentre près de « Cinq points » sur la RN 414 qui mène à Moyenvic et enfin, le 328th Infantry du Colonel Ben R. Jacobs prend position entre Moncourt et Bezange-la-Petite. L’aile droite de la division est bien sûr couvert par le 2nd Cavalry Group, à la jonction avec la VIIth Army. La Division doit franchir la Seille à Moyenvic, la Côte Saint-Jean (Côte 310) et progresser vers Dieuze. Le 328th Infantry doit mener une attaque de diversion entre Moncourt et Bezange. La Division est appuyée par le 761st Tank Battalion du Lt.Col. Hollis C. Hunt, unité blindée qui a la particularité d’être composée de soldats et de sous-officiers afro-américains.

– Le 8 novembre, après le barrage d’artillerie, le 104th Infantry balaie les avant-postes de la 361. VGD. En même temps, le 2/101st Infantry (Lt.Col. B.A. Lyons) bondit de ses positions pour s’emparer du pont sur la Seille à Moyenvic, tandis que le 1/101st (Lt.Col. L.M. Kirk) effectue son attaque de diversion dans le secteur de Xanrey. A Moyenvic, les allemands sont complètement pris par surprise par le barrage roulant du 101st Field Artillery Battalion sur la Cote 310. La garnison de 542 soldats se rend sans combattre. Une compagnie s’empare du pont avant qu’il ne soit démoli, pendant qu’une seconde commence à combattre pour le contrôle de la Cote 310, tenue par des éléments du Grenadier-Regiment 953 et des Pioniere du 361. Pionier-Bataillon, mais bien appuyés par 6 obusiers, des mortiers et des mitrailleuses. Les F et E Companies du 101st Infantry perdent alors beaucoup d’hommes, dont le commandant de la F. L’arrivée de la G Company à 11h00 ne change rien et l’unité perd aussi son commandant sur le pont de Moyenvic. Les GI’s restent alors cloués sur place, permettant au Pionier-Bataillon 559 de venir renforcer leur camarades sur la hauteur.

– Si l’attaque de la Cote 310 a échoué, le reste des attaques de la 26th Infantry Division se solde néanmoins par des succès. Les 101st et 104th Infantry ont sécurisé plusieurs ponts sur la Seille, tandis que le 328th Infantry chasse 6 compagnies du Grenadier-Regiment 952 du secteur Bezange-la-Petite – Moncourt, avec de lourdes pertes néanmoins.
Pendant trois jours durant, la 26th Division doit batailler pour dégager la Cote 310, afin de pivoter sur la Crête de Koecking, par un temps froid et sous la pluie mêlée de neige. Le 101st Infantry souffre particulièrement des conditions. Le 9 novembre, parti de Juvrecourt, il tente d’envelopper la Crête mais est encore arrêté par le feu allemand. Toutefois, le 3/101st Infantry parvient à s’emparer de Salival durant la nuit, avant de s’infiltrer dans les Bois, derrière les tranchées allemandes.

Major.General Willard S. Paul, commandant de la 26th Infantry Division

Major.General Willard S. Paul, commandant de la 26th Infantry Division

– Pendant ce temps, le 104th Infantry Regiment attaque en direction de la Forêt de Château-Salins, en coordination avec la 35th Infantry Division. Le 9 novembre, les troupes allemandes qui tiennent Château-Salins, sont rejetées sur Morville-lès-Vic. Morville est prise à 15h00, par la Task Force A rattachée à la division (K Company et un peloton de chars). Seulement, un M4 Sherman  du 761st TB  est touchée par une roquette et bloque la route de Hampont. La TF A continue vers Hampont mais le Captain Charles F. Long, commandant de la K Company est tué, et l’unité perd la moitié de ses effectifs.
En raison du mauvais temps, la coopération aérienne est limitée. Les Piper Cubs ne peuvent décoller et sur 110 bombardiers rassemblés par la IXth Bombardment Division pour attaquer Dieuze, seulement 29 peuvent prendre l’air pour pilonner leur cible.

– En dépit de ses difficultés, l’aile gauche de la 26th Division parvient à avancer assez vite pour permettre aux chars de la 4th Armored Division d’avancer, mettant aussi en danger la charnière entre les 559. et 361. VGD. Durant la nuit du 9-10 novembre, Manton S. Eddy ordonne au Lt.Colonel Creighton G. Abrams de lancer son Combat Command A (4th Armored) à l’attaque pour le matin. A 10h55, l’unité d’Abrams commence à traverser les ponts de la Seille en direction de Hampont. Mais l’apparition des chars américains sur le champ de bataille n’a pas grand effet dans la suite des combats pour la Cote 310.

– Le 10 novembre, à 16h00, le Colonel Walter T. Scott ordonne au 1/101st Infantry de repartir à l’attaque de la Cote. Progressant sous un déluge de feu, la C Company parvient à atteindre le nord-est de la Cote 310. Une contre-attaque allemande est très vite repoussée. Le reste du 1st Battalion se déporte sur la gauche, à travers le Bois Saint-Martin et réussit à rejoindre le 3rd Battalion sur la Crête de Koecking. Le 11 novembre, le 3/101st nettoie le bois dans l’obscurité, tout en progressant vers Hampont en ramassant une centaine de prisonnier. Le 11 toujours, le 1/101st chasse définitivement les Allemands de la Cote 310, permettant aux observateurs d’artillerie de la division de relever les cibles de contre-batteries sur Marsal et Haraucourt-s/-Seille, dans la vallée en contrebas.
Le Major.General Paul ordonne alors aux 101st et 104th Infantry de procéder au nettoyage des Bois de Koecking, et de saisir les villages dans la Vallée. Les combats s’avèrent particulièrement coûteux, en plus des 748 hommes perdus pour la conquête de la Cote 310. Le 11 novembre, Paul déplace le 328th Infantry du Colonel Jacobs au centre de la division, au centre de la Crête de Koecking, afin de laisser passer le CC A.


3 – L’attaque du CC A le long de la Petite Seille

– Le Major.General John S. « Tiger » Woods avait émis l’idée à son supérieur d’envoyer sa 4th Armored Division à travers le défilé de Dieuze, le long de la route Moyenvic – Mittersheim. Mais Eddy n’y était pas favorable, compte-tenu des rapports de sa Cavalerie de reconnaissance qui faisait était d’importantes forces allemandes dans le « goulot » de Dieuze. D’autre part, Mittersheim, situé en bout de la route de Dieuze, était l’objectif du XVth Corps de Haislip. Eddy et son état-major prévoient plutôt d’envoyer la 4th Armored Division en fer de lance du XIIth Corps. Mais la décision de Patton de lui intégrer la 6th Armored Division de Grow, contraint Eddy à regrouper ses forces blindées. Au final, Woods reçoit comme objectif la prise de « l’œuf d’oie », couvrant le secteur clé de Morhange. Ensuite, il doit poursuivre l’offensive vers Sarre-Union et la Sarre qu’il doit traverser.

– Cette phase de l’assaut est donc confiée au Combat Command A qui doit traverser les lignes de la 26th Division avant de progresser au nord-est, le long de la vallée de la Petite Seille, dépasser Morhange, avant de cogner contre la route Bénestroff – Francalroff. Le Combat Command B du Brigadier.General Holmes E. Dager doit contourner le plateau de Morhange. Mais Dager et Abrams étaient sceptiques quant aux chances de progression rapide, compte tenu du manque de surfaces en dur.
Le 9 novembre, le CC B de Dager prend position en avant de la tête de pont de la 35th Infantry Division. Le 10 novembre, le CC A passe à l’attaque, Creighton G. Abrams faisant d’abord passer sa colonne de tête (Major Hunter) à travers la ligne du 104th Infantry Regiment de Colley qui combat toujours pour rejeter l’arrière-garde de la 559. VGD de Morville. La colonne de Hunter avance lentement, car même si la résistance allemande est faible, la route est encombrée d’obstacles. Manœuvrer en plein champ est bien sûr impossible, Sherman, Half-tracks et camions ne peuvent s’aventurer dans un bourbier. Toutefois, les chars de Hunter passent Hampont en fin d’après-midi du 10, sauf que la seconde colonne du CC A du Lt.Col. Delk M. Oden est incapable de démarrer en raison de l’encombrement de la route et ne peut atteindre Hampont.

– Pendant ce temps, la Colonne de Hunter combat pour parvenir sur Conthil le 11 novembre mais rencontre de sérieuses difficultés au sud de Haboudange, où un bataillons de Grenadiers de la 361. VGD et le Flak-Abteilung 111 se sont regroupés pour reprendre contact avec la 559. VGD  en retraite. Dans ce secteur, la route passe par un défilé en pointe formé par la rivière et la ligne de chemin de fer. Alors que les véhicules blindés de Hunter entrent dans le défilé, des canons allemands dissimulés ouvrent le feu, faisant mouche sur les chars de tête. La route est alors bloquée. Hunter perd alors quatre officiers, chacun tué l’un après l’autre en tentant de repérer les pièces ennemies. La colonne doit alors reculer pour se retrancher entre Conthil et Rodalbe, tandis que deux compagnies du 104th Infantry (commandé alors par le Colonel Ralph A. Palladino) arrivent pour surveiller les abords du village.

– Durant la matinée du 11 novembre, la Colonne d’Oden démarre pour rejoindre Hunter, tandis que le 2/104th Infantry. Oden ne prend quitte un temps la route principale pour s’emparer de la Cote 337 au sud-est de Lidrezing, une hauteur qui commande les positions ennemies. A l’aube, la colonne de Hunter reprend son avance et atteint Rodalbe qui est occupé par 2 compagnies du 3/104th Infantry (Lt.Col. H.G. Donaldson) et commence à progresser vers le nord vers Bermering, pour couper la retraite aux troupes de la 559. VGD. Toutefois, l’ennemi dispose encore d’assez de temps pour établir une défense au nord de Rodalbe. Tandis que les chars du 37th Tank Battalion tentent de manœuvrer afin d’éviter les champs de mines, devenant des cibles inespérés pour les canons allemands qui ouvrent le feu depuis les Bois de Pfaffenforst. La colonne de Hunter est alors forcée de reculer de nouveau et de se mettre à l’abri dans le Bois de Conthil, moins de 1 km à l’ouest de Rodalbe.

– Du côté allemand, on tente de profiter de l’étirement de la ligne du 104th Infantry Regiment. Le 10 novembre, Hermann Balck fait déployer sa réserve blindée, soit la 11. Panzer-Division de von Wietersheim, contre la gauche et le centre du XIIth Corps. Le 12 novembre, von Wietersheim envoie son Panzer-Aufklärungs-Abteilung 11, 10 chars Panther et 1 bataillon du Panzergrenadier-Regiment 110 pour soutenir les éléments du 559. VGD dans le secteur de Rodalbe, afin de ressouder la jointure entre le XIII. SS-Korps et le LXXXIX. Arme-Korps. Cette unité combinée déclenche alors une contre-attaque brutale dans les chenilles de Hunter mais l’artillerie américaine repousse les poursuivants. Toutefois, à l’ouest, l’ennemi encercle 2 compagnies du 1/104th Infantry dans les environs de Conthil. Mais les officiers américains gardent leurs sang-froid et guident leurs GI’s dans une percée qui leur permet de s’extraire du piège.

– Le matin du 13 novembre, les Grenadiers allemandes lancent une attaque contre le 3/104th Infantry à Rodalbe mais sont repoussés. Ils reviennent à l’assaut après une contrebatterie efficace de l’artillerie allemande. Suivis par des chars, les Grenadiers progressent ensuite sur la route de Bermering. Ils ne rencontrent alors que des petits groupes d’Américains – certains (200 environs) réussissant à se réfugier dans des celliers, les autres réussissant à gagner leurs lignes – et réussissent à s’assurer le contrôle de Rodalbe. A l’ouest du même village, des Panther, des mines et des canons antichars bloquent toute attaque de la grand-route par le 37th TB depuis le Bois de Conthil. Durant la nuit du 12, compte-tenu du manque de réserves, Abrams est forcé de placer la Colonne Hunter en réserve et remplacer les chars perdus par le 37th TB. Oden détache alors une Task Force qui repend Conthil et ouvre la route de ravitaillement à travers la vallée. Le 104th Infantry Regiment de Palladino, alors sérieusement étrillé en hommes, prend position sur l’arc formé par la route Conthil – Lidrezing.

Insigne de la 26th Division "Yankee"

Insigne de la 26th Division « Yankee »

 

4 – Le combat de Koecking

– Avec les pertes enregistrées par le 101st Infantry, Willard S. Paul déploie alors le 328th Infantry de Jacobs pour nettoyer la Crête de Koecking, lui adjoignant le 3/101st Infantry sur la gauche. Le terrain s’annonce difficile à conquérir en raison de la densité du bois, propice à abriter des mitrailleuses, des mines, des fils barbelés et des « booby traps ». Les Allemands ayant réutilisé savamment les anciennes positions aménagées durant la Grande Guerre. Numériquement, les forces allemandes déployées dans le Bois de Koecking sont inférieures, composées du Maschinen-Gewehr-Bataillon 43 et du II/Grenadier-Regiment 1119 (détaché de la 553. VGD). Cependant, ces deux unités sont formés de soldats expérimentés, aguerris dans les combats en milieu forestier.

– Le 328th Infantry Regiment commence son attaque par l’est le 12 novembre et rencontre d’abord une faible opposition. Mais arrivé atour de la Ferme Berange, il tombe sur un parti d’allemands bien retranchés, bien pourvu en armes légères et bien appuyé par de l’artillerie. Le Colonel Jacobs est blessé. Le 2/328th Infantry subit de très importantes pertes. Beaucoup d’hommes sont tués, dont le commandant du bataillon, le Major R.J. Servatius. Toutefois, après de durs combats, les « Yankees » réussissent à repousser les Allemands sur le coup de 15h30. L’artillerie divisionnaire est aussi appelée en renfort, matraquant la Ferme de Berange de 120 coups de canons.

– Mais la météorologie se dégrade encore et la neige vient à tomber. Les fantassins américains grelottent alors de froid car leurs couvertures sont restées à l’arrière. Paul ordonne néanmoins au 1/101st Infantry de s’emparer de Saint-Médard mais le bataillon est très vite pris sous un feu nourri provenant de Dieuze. Mais Saint-Médard est atteinte pendant la journée. Cela n’empêche pas les batteries allemandes positionnées à Dieuze d’intensifier leur activité le 13 novembre. Et l’avance du 328th Infantry est toujours ralentie par des mitrailleuses dissimulées dans les buissons. Toutefois, des chars et chasseurs de contournent le bois par la route de l’est et tirent posément sur les mitrailleurs ennemis. LE 328th Infantry avance mieux et atteint Haraucourt mais voit la pression ennemie s’accentuer sur son flanc droit, étant donné que le 1/101st Infantry ne peut le suivre en soutien.

– Après seulement quatre jours de combats, la situation de la 26th Division est particulièrement difficile. Le 101st Infantry de Scot n’a reçu que 700 remplaçants. Le 328th Infantry a perdu beaucoup d’hommes dans les combats en forêt et le 104th Infantry est encore plus affaibli. Pour dire, la plupart des compagnies 104th Infantry ont vu leurs effectifs fondre jusqu’à 8 – 15 hommes.
Mais les choses ne vont pas mieux du côté des Allemands qui ont aussi accusé des pertes effroyables. En dépit de l’arrivée du II/Grenadier-Regiment 953 et de « rampants » du Luftwaffes-Pionier-Bataillon, les Allemands ne sont pas capables de tenir davantage leurs lignes. Le 14 novembre, le CC A d’Abrams balaie de Bois de Kerperche, au nord du Bois de Koecking, exerçant une pression sur le flanc allemand et l’aile allemande sur la Crête de Koecking. Renforcé par son 3rd Battalion, le 328th Infantry chasse définitivement l’ennemi du Bois le 15 novembre. En même temps, le 101st Infantry et le 2nd Cavalry Group poussent leur effort vers Dieuze, talonnant des Allemands en pleine retraites. Le 17 novembre, la 26th Division se regroupe et prend un bref temps de repos, le temps que les GI’s puissent recevoir des vêtements secs.  Mais les Allemands se retirent sur le carrefour ferroviaire de Bénestroff, facilement défendable.

5 – L’attaque de Guebling

– La Colonne d’Oden tente une nouvelles fois de percer les positions allemandes entre Bénestroff et Dieuze. Son objectif est la prise de Marimont-lès-Bénestroff, environ 1 km au sud-est de Bénestroff. Se séparant de la Colonne de Hunter, Oden scinde sont unité mécanisée en deux Task Forces (West et McKone), chacune étant rassemblée près de la Cote 337. L’attaque démarre aux premières lueurs du 14 novembre. La TF West contourne le Bois de Kerpeche et prend une route secondaire vers Guébling. La TF McKone prend une route passant directement à travers un bois qui n’a toujours pas été nettoyé par le 328th Infantry. Les équipages ont la mauvaise surprise de trouver la route sérieusement minée. Vers 08h45, la TF West rencontre 6 Panther du Panzer-Regiment 15, placés en arrière-garde qui gardent les Américains en respect durant près de six heures grâce à leurs canons de 75 mm à haute-vélocité. C’est seulement après avoir manœuvré autour de la Ferme Kutzeling que les chars du Major West réussissent à mettre 3 Panther hors-service. Mais plus tard dans la journée, 5 autres « fauves » surgissent au croisement de la voie de chemin de fer et de la route de Guébling. Il faut faire donner les obusiers de 105 mm pour les tenir à distance. Fort heureusement, les chars allemands se retrouvent empêtrés dans les mines posées par leurs camarades du Génie. La neige et la pluie s’étant arrêtée, ils sont finalement repoussés par une attaque de P-47, couplée aux tirs des obusiers de 155 mm du 101st Field Artillery Battalion. La riposte forçant les chars ennemis à s’extraire de leur cache, la A Company du 35th TB (1st Lt. Arthur L. Sell) charge dans les flancs du groupe d’engins allemands et en détruit deux. L’avance vers Guébling peut alors reprendre et le village est pris par un détachement avancé durant la soirée. Mais à 03h00 du matin, 3 camions citernes de la division atteignent les postes d’observation ennemis et son détruits par des canons. Plusieurs chars et autres véhicules sont aussi détruits. Tôt durant la matinée du 15, la TF McKone arrive pour renforcer le détachement dans Guébling, avant que le 10th Armored Infantry Battalion est envoyé à l’attaque pour nettoyer le terrain au-delà du village mais les fantassins portés sont arrêtés par un tir de barrage allemand. Et la contre-batterie ne donne rien en raison de la vue obstruée par la neige et la pluie.

– Durant la matinée, John S. Woods ordonne à Oden de quitter la position précaire de Guébling pour se retirer sur la Cote 337. Oden évacue d’abord ses blessés, puis le reste des son unité sous un violent tir d’artillerie, seulement couvert par un écran fumigène. Le 35th TB ne compte alors plus que quinze chars.


6 – L’attaque au centre

– Peu avant l’offensive, le Major.General Paul W. Baade déploie sa 35th « Santa Fe » comme suit : le 134th Infantry Regiment du Colonel Butler B. Miltonberger sur la droite (Forêt de Grémencey) et le 137th Infantry du Colonel William S. Murray sur la gauche entre la Forêt de Grémencey et l’aile droite de la 80th Infantry Division au nord-ouest d’Ajoncourt. Mais c’est le 320th Infantry du Colonel Bernard A. Byrne qui est chargé de l’ouverture de l’assaut, après avoir franchi les lignes du 134thInfantry qui, pour le coup, est maintenu en réserve. L’objectif du 320th Infantry est d’accrocher la ligne Laneuveville-en-Saulnois – Fonteny et nettoyer la portion sud-ouest de la Forêt de Château-Salins. Ensuite, il doit nettoyer une participer au nettoyage du Plateau de Morhange, avec le concours du CC B de Dager.

– Le temps est toujours exécrable. La pluie tombe durant quatre heures le 8 novembre, transformant les routes et les sentiers par lesquels doit progresser le 320th Infantry en de véritables torrents boueux. De son côté, le 137th Infantry doit établir une tête de pont à Osson, avant de bondir sur Laneuveville, afin de couper la route Château-Salins – Metz. Pour franchir la Seille, le Génie divisionnaire jette un pont préfabriqué sur la Seille au sud de Jallaucourt à 10h40. Deux heures plus tard, le 1/137th Infantry, appuyé par des chars du 737th TB se trouve dans Jallaucourt. Un second pont est jetté sur la Seille, ouvrant la route de Malaucourt à 2 compagnies du 137th Infantry. A 12h00, le régiment s’est assuré le contrôle du terrain dominant les deux villages, après avoir envoyé 200 prisonniers du Grenadier-Regiment 1215 à l’arrière.

– Sur la droite de la 35th Division, le 320th Infantry attaque à son tour afin de nettoyer la portion de la Forêt de Château-Salins couvrant une partie du Plateau de Morhange, en coordination avec la 26thDivision qui tente de prendre la Crête de Koecking. Mais le régiment ne peut profiter de l’appui des chars en raison des difficultés du terrain et de la boue. De plus, à Fresnes (localité importante pour la communication et le ravitaillement allemands), la défense allemande s’avère particulièrement tenace et le ravitaillement a du mal à parvenir à l’avant.  Il faut l’intervention du 3/320th Infantry et 1 compagnie du 737th TB pour nettoyer le village mais les Allemands se retranchent solidement dans la Forêt.

– Simultanément, le 2/137th Infantry attaque le Bois d’Amélécourt (formant une extension de la Forêt de Château-Salins). La boue rend encre la progression difficile au nord-est de la Forêt de Grémecey, puis les GI’s rencontrent une résistance acharnée de la part du Grenadier-Regiment 1127. De plus, les routes et les sentiers sont obstrués de mines. Un assaut mené durant la matinée échoue et un second lancé durant l’après-midi n’a pas plus de succès. Les pertes du 2nd Battalions’accumulent mais il échappe au pire grâce au sol boueux qui empêche les obus allemands d’exploser.
En fin d’après-midi, le Colonel Byrne lance le 1/320th Infantry dans la bataille pour fermer la brèche entre Fresnes et le Bois d’Amélécourt. Malgré les mines, le bataillon atteint la route de Fresnes. Grâce à l’action d’équipes du Génie divisionnaire qui ouvrent des passages dans le champ de mines, le bataillon reprend son avance suivi par la C Company du 737th TB qui perd néanmoins 6 M4 Sherman. Deux obusiers allemands sont neutraliser mais les mitrailleuses MG donnent toujours de la voix. Mais l’arrivée des chars dans Fresnes permet aux Américains de détruire les nids de mitrailleuses. Seulement, dans les bois, les Allemands résistent toujours opiniâtrement, avec des positions bien préparées à l’avance (trous, fils de fer barbelés et abris). Signe de cette résistance plus dure, les soldats américains font peu de prisonniers et retrouvent surtout des cadavres ennemis.

– Mais si le 320th Infantry se trouve ralenti, l’avance rapide du 137th Infantry au nord incite Manton S. Eddy à lâcher la bride du CC B. Celui-ci doit passer au nord de la Forêt de Château-Salins pour foncer sur Morhange. Utilisant la technique habituelle employée par la 4th Armored Division, Holmes E. Dager scinde son CC B en deux colonnes. Celle de gauche (Major. Thomas G. Churchill) doit passer à travers les lignes du 137th Infantry, pendant que la colonne de droite (Lt.Col. Alfred A. Mayback) doit ouvrir le passage près de Jallaucourt. Eddy veut profiter d’une situation encore favorable, puisque les Allemands n’ont pas eu le temps d’établir une défense coordonnée après l’attaque de l’aile droite de la 35th Division.

– L’attaque démarre donc le 9 novembre. La Colonne de Churchill réussit à atteindre le village de Hannocourt en dépit de la perte de cinq chars. Plusieurs pièces antichars PaK font feu mais l’arrivée d’appareils du 510th Fighter Squadron frappe les canons allemands avec des bombes à fragmentation et du napalm. Churchill réussit à contourner le flanc sud de la 48. Grenadier-Divisionsur la Crête de Delme, à la jonction du dispositif de la 80th Infantry Division, permettant ainsi au137th Infantry de prendre le village de Delme.

– Sur la droite, la Colonne du Colonel Mayback rencontre une opposition plus dure mais finit par avancer rapidement en dépit des obstacles répandus sur la route, du tir des canons antichars et de la nécessité de réduire chaque trou de résistance allemand. Mais le reste de la 559. VGD met du temps à réagir. A Oriocourt, le 1/137th, suivant de près ses chars d’appui, neutralise une batterie de campagne et capture 150 prisonniers. A Laneuveville, les chars Américains contournent les canons allemands avant que leurs servants ne puissent les déployer convenablement. L’Infanterie de soutien ramasse encore 445 prisonniers pour de très légères pertes. Simultanément, la colonne blindée de Mayback oblique à l’est vers Fonteny. En milieu d’après-midi, l’avant-garde américaine amorce sa descente entre Fonteny et la Forêt de Château-Salins. Mais les Américains donnent très vite dans un nid de frelons. L’accès à la forêt est gardé par des éléments bien dotés de la 9. Flak-Artillerie-Division et quelques Panzer de la 11. Panzer-Division. Mais il suffit d’un Lieutenant et de quelques fantassins portés armés de Bazookas pour repousser les chars.
Pendant ce temps, le Colonel Mayback expédie la C Company du 37th TB en avant pour venir en aide à l’avant-garde. Mais alors que l’avance reprend, trois Sherman sont détruits sur un bas plateau. Les chars deviennent alors des cibles faciles pour les canonniers allemands. Mais les équipages de chars n’en démordent pas moins en détruisant environ treize canons ennemis. Pendant la nuit, le Colonel Mayback ordonne à ses éléments de tête de se rempier derrière le plateau au sud-est de Fonteny. Cependant les pertes de Mayback sont très lourdes : 15 Sherman, 10 Half-tracks, 3 canons automoteurs M7 Priest. Toutefois, il a parcouru plus de 3 km dans le dispositif ennemi et ouvert un passage pour l’infanterie.

– Lorsque le récit du combat de Fonteny parvient à Dager, celui-ci ordonne à Mayback d’arrêter son avance pour attendre le renfort de Churchill qui stationne près de Hannoncourt. Et l’infanterie de la 35th Division se trouve à plus de 4 km derrière le CC B. Mais pendant la nuit, une force mixte allemande formée de chars du Panzer-Regiment 15, de canons d’assaut, ainsi que de troupes duFestungs-Abteilung 43 et du Panzergrenadier-Regiment 110 passe derrière la Colonne de Churchill depuis Viviers. Alors que le 22nd Armored Field Artillery Battalion ouvre un duel avec le 401. Volks-Artillerie-Korps qui pilonne la Colonne de Churchill, celle-ci tente d’ouvrir la route de Viviers mais se retrouve bloquée sur la route par les canons ennemis. Mais c’est le 2/137th Infantry, accouru à marche forcée, qui se lance une attaque dans Viviers qui dure pendant tout l’après-midi. Mais les fantassins américains parviennent à sécuriser le village, après que la garnison ennemie eût été chassée par un pilonnage d’artillerie légère. 100 cadavres Feldgrau sont retrouvés dans les rues. Pendant que le 2/137th s’occupe de Viviers, d’autres éléments de la 35th Division combattent durement pour dépasser Laneuveville et rejoindre la Colonne Mayback à l’ouest de Fonteny.

– Au centre, le 320th Infantry débouche du Bois d’Amélécourt en combat en avançant pour atteindre la lisière de la Forêt de Château-Salins, bien que ces soldats soient fatigués par les incursions allemandes qui se sont produites durant la nuit. Des renforts allemands issus des GR. 1216 et PzGren.Regt. 110 viennent corser la progression américaine. Même l’Infanterie de réserve est forcée de combattre contre l’assaut de petites unités allemandes.
Placé sur la droite de la division, le 134th Infantry Regiment du Colonel Miltonberger est envoyé nettoyer la lisière de la Forêt de Château-Salins le 10 novembre. Mais là encore, des éléments de la559. VGD se montrent intraitables et empêchent le Régiment de s’emparer de Gerbécourt. Le 11 néanmoins, les Allemands se replient en bon ordre sur la ligne Frémery – Dalhain mais s’offrent comme cibles des P-47 du 365th Fighter Squadron qui détruit 58 canons et véhicules dans un seul balayage. Cela soulage la 35th « Santa Fe » mais l’avance n’est pas plus rapide en raison de l’état déplorable des routes et des chemins.

– A l’aile gauche de la division, la résistance se durcit brièvement sur le chemin du CC B et du 137thInfantr, avec un violent tir de barrage de l’artillerie allemande, qui ralentit la progression, permettant aux Allemands d’évacuer la Forêt de Château-Salins en bon ordre. Une dernière contre-attaque est lancée contre la Colonne de Churchill mais elle est très vite repoussée par l’intervention des canons automoteurs. Toutefois, si la colonne détruit 14 canons antichars durant la journée, elle est incapable d’atteindre Fonteny, battue par le feu d’autres canons PaK. C’est après un dur combat que le 1/137th Infantry et 1 compagnie de chars entrent dans le village, où le combat se poursuit maison par maison. Ce combat coûte la vie au Colonel Mayback et au Lt.Col. William L. Shade, commandant du 253rd Field Artillery Battalion. La Colonne passe alors sous les ordres du Major. Harry R. Van Arnam. Tôt Durant la matinée du 12 novembre, un détachement de la 11. PzD évacue Fonteny, sauvant presque tous ses chars et son Infanterie mais abandonnant 3 Panther.

– Le 3/137th Infantry vient relever le 1/137th, pendant que le 2/137th s’empare de Faxe, rétablissant ainsi le contact avec le CC B de Dager et l’Infanterie attaque de nouveau à l’est, dans la Vallée de la NIed française, par laquelle passe la route de Morhange. Avant la fin du jour, les chars américains atteignent Oron et mettent la main sur un pont intact. Les Allemands en retraite n’ayant offert qu’une faible résistance.
Au centre, le 320th Infantry termine le nettoyage de la Forêt de Château-Salins, pendant que le134th Infantry avance jusqu’à Bellange, environ à 2,5 km au sud-ouest de Morhange. Eddy ordonne ensuite d’approvisionner ses hommes en vêtements secs et en couverture.

7 – L’avancée sur Morhange

– L’avance sur Morhange reprend le 12. Le CC B de Dager avance à l’est le long de la Nied Française avec l’appui du 137th Infantry de Murray. Au sud de la rivière, la Colonne de Van Arnam doit avancer lentement en raison de la présence de mines et de ponts détruits et atteint une crête au nord d’Achain. La Colonne de Churchill avance quant à elle jusqu’à Villers-s/-Nied, où l’ennemi à néanmoins miné la grand-route. Ce qui décide Churchill à couper à manœuvrer. La A Company du 8th Tank Battalion passe alors derrière les positions de batteries couvrant la route Villers-s/-Nied – Marthille. Pris complètement par surprise, les servants allemands sont incapables de se servie de leurs PaK 40 et FlaK de 88 mm. 18 canons sont alors réduits en pièces par les Sherman. La Colonne de Churchill atteint ensuite la Crête de Marthille, se positionnant non loin de la Colonne de Van Arnam pendant la nuit du 13-14. Là, le Génie éprouve de grandes difficultés à déminer le terrain en pleine nuit.

– Le 14 novembre, le CC B et 1 bataillon du 137th Infantry attaque les villages de Destry et de Baronville, en préparation d’une attaque de flanc sur Morhange depuis le nord, en coordination avec le gros de la 35th Division. L’assaut se solde par un succès, même si la résistance allemande s’est considérablement durcie, suite à l’arrivée de remplaçants accourus de Pologne au sein de la 559. VGD.
Seulement, le plan prévoyant que le CC B ferme tout accès à Morhange par le nord pour continuer sa route vers Sarreguemines se révèle fortement compris par le temps, bien plus que par la résistance ennemie. La pluie reprend et le CC B patauge le long de la voie de chemin de fer Metz – Sarrrebourg. Le 15 novembre, Eddy ordonne à Dager d’arrêter son avance et de coller au reste de la 4th Armored Division plus au sud afin de ferme la brèche de Dieuze.

– Finalement, c’est la 35th Infantry Division de Baade qui lance l’assaut sur Morhange par un froid mordant, avec un coût très élevé en hommes. Le 134th Infantry de Miltonberger combat durement pour accrocher la route Baronville – Morhange et la Crête de Rougemont, bientôt surnommée« Bloody hill » où le 3rd Battalion subit de lourdes pertes, perdant aussi son commandant (blessé), le Lt.Col. Warren C. Wood. Toutefois, la Crête de Rougemont tombe et le 2/134th Infantry s’empare d’Achain le 15 au matin, après un dur combat dans le village. Le Sergent Spurrier se distingue en abattant 25 soldats ennemis et en en capturant 25 autres. Mais le 2/134th Infantry a perdu 106 hommes pour le contrôle du village.
A Morhange même, les soldats du Grenadier-Regiment 1127 subissent un violent tir de barrage de la part de l’artillerie des divisions engagées et du XIIth Corps. Un concert de plusieurs heures mêlant obusiers de 105 mm, 155 mm, 8-inch et 240 mm force le régiment ennemi à battre en retraite le 15, après avoir détruit le pont et semé des mines. Le 216th Field Artillery Battalion tire 999 coups à lui tout seul !

– En milieu d’après-midi, la 35th Infantry Division atteint la ligne ferrée Metz – Sarreboug. Là, Paul W. Baade arrête ses soldats fatigués en attendant de nouveaux ordres. Mais sa division a avancé de près de 10 km en huit jours durant de très durs combats. Mais la « Santa Fe » n’a pas démérité malgré ses lourdes pertes : 53 canons et 26 véhicules détruits ou capturés. Son 137th Infantry a ramassé 1 000 prisonniers à lui tout seul. Eddy accorde alors une période de repos à la 35th Division.

8 – L’avance de la 80th Infantry Division

– Sur la gauche d’Eddy, la 80th Infantry Division « Blue Ridge » du Major.General Horace G. McBride fait la jointure avec l’aile droite du XXth Corps de Walker à l’ouest de Cheminot et tient une ligne sur la rive gauche de la Seille jusqu’à Chenicourt. Toutefois, sur son flanc droit, les Allemands tiennent toujours le petit saillant de Létricourt. McBride a déployé ses trois régiments le 8 novembre dans l’ordre suivant : le 317th (Warfield M. Lewis) à gauche, le 318th (Lansing McVickar) au centre et le 319th (Orion L. Davidson) à droite. En face, les Allemands alignent la 48. Grenadier-Division et quelques éléments du SS-Panzergrenadier-Regiment 38 (SS-Standartenführer Ernst Schützek) de la 17. SS-PzGren.Div. « Götz von Berlichingen » face aux lignes du 317th Infantry.

– Le plan d’assaut du XIIth Corps prévoit que la 80th Division établisse une tête de pont sur la Seille pour qui permettrait à la 6th Armored Division de Robert W. Grow de se lancer à l’attaque vers Faulquemont (Falkenberg). Une fois la Seille franchie, la 80th Division relèvera la division blindée dans les environs de Faulquemont. Les deux divisions américaines bénéficient d’un terrain moins difficile qu’au centre du Corps grâce au réseau routier adéquat, avec la grand-route Luppy – Han-s/-Nied. Toutefois, la 80th Division sera confrontée à des difficultés en raison des pluies et de la boue de novembre. Et les cours des Nied et Rote (sud-ouest de Faulquemont) est gonflé par les précipitations. Le renseignement américain pense que ses barrières naturelles sont bien fortifiées. Les observateurs de la 80th Division avaient noté que les fantassins allemands s’emploient à creuser activement des trous et abris individuelles et d’étendre du fil barbelé.

– Le 8 novembre à 05h00, l’artillerie du XIIth Corps démarre son tir de préparation avant la traversée de la Seille. Peu de temps avant l’heure H, l’artillerie divisionnaire, les chars d’appui du 702nd TBles M18 Hellcat du 808th TDB et les compagnies de canon d’infanterie se joignent au concert d’artillerie en pilonnant une ligne de 2,5 km. A 06h00 pile, les principaux échelons d’attaque de chaque régiment bondissent pour traverser la Seille et établir une tête de pont sur la rive droite. Sur la droite, le 319th Infantry, avec son 1st Battalion, nettoie la rive de la Seille entre Abaucourt et Létricourt et traverse la rivière à Aulnois-s/-Seille qui tombe dans les mains américaines en deux heures seulement. Au centre, le 318th Infantry franchit lui aussi la Seille dans de petites embarcations et prend Nomény fortifiée en tenaille malgré des tirs de mortiers. Le combat dure toute la matinée, causant 100 tués et blessés aux Américains. Mais grâce au Génie qui a pu poser des ponts lourds, des M4 Sherman du 702nd TB se ruent sur Nomény qui tombe. Sur la gauche, le317th Infantry franchit lui aussi la Seille et encercle Eply par un mouvement nord-sud. Tard dans l’après-midi, les Allemands répliquent par un tir d’artillerie et des contre-attaques locales, qui sont plus soutenues dans le secteur du 317th Infantry que le régiment frappe à la charnière du SS-PzGren.Regt 38 et de la 48. Infanterie-Division. Mais à Nomény, le I/Grenadier-Regiment 126 disparaît corps et biens durant la nuit du 8-9 novembre. Le Festungs-Bataillon 1431 qui tient le secteur au nord et à l’ouest de Nomény, est dépassé lui aussi et faillit ne plus exister le lendemain.

– Durant la matinée du 9 novembre, la 48. Infanterie-Division rallie la Crête de Delme afin de bloquer l’avance de la 80th Infantry Division. De con côté McBride prévoit de prendre la crête par un crochet au nord avec le318th Infantry mais celui-ci a déjà rallié le 319th en contrebasLe régiment progresse difficilement le 9 novembre à cause de la boue et ne peut atteindre son objectif le jour même. McBride décide alors d’engager sa réserve, le 1/319th Infantry. Appuyé par des Sherman, le 319th Infantry lance une attaque frontale contre la Crête de Delme. L’assaut est brutal, facilité par des pentes encore praticables pour les chars. Malgré la présence de mines, les Américains enlèvent de l’artillerie russe de prise et enlèvent la hauteur.

– Sur la gauche, le 317th Infantry Regiment subit de terribles pertes face au I/SS-Panzergrenadier-Regiment 37 qui tient le plateau au nord de la Crête de Delme. Ses flancs exposés en raison du départ de la 5th Infantry Division sur sa gauche, le régiment est littéralement quadrillé par un violent tir d’artillerie. Tard dans l’après-midi, le 357th Fighter Squadron surgit pour frapper les Allemands sur la pente opposée de la Crête de Delme et dans les bois à l’est. Pendant ce temps, les trois bataillons d’artillerie de campagne de la 80th Division pilonnent les arrières ennemis. Pendant la soirée, le 137th Infantry Regiment s’empare de Delme, permettant à la 80th Division de reprendre son avance.

– Le second jour de l’offensive se montre particulièrement fructueux pour les soldats du Général McBride. La 48. Infanterie-Division se trouve particulièrement malmenée et doit laisser 1 000 prisonniers. Du coup, alors que la 80th Division combat toujours pour la Crête de Delme, Manton S. Eddy décide d’engager son élément de second échelon, la 6th Armored Division du Major.General Grow. Celle-ci doit s’élancer entre Château-Salins et la Crête de Delme, franchir la Nied sur un front de 8,5 km environ et s’emparer du plateau dominant Faulquemont. Le Combat Command A, alors commandé par le Colonel John L. Hines après la blessure du Colonel Hanson, doit s’emparer des collines au sud-est de Faulquemont dans les environs de Guessling et Hémering. Au CC B du Colonel George W. Read Jr. revient la mission de s’emparer du plateau au nord-est de la ville.

– Le 9 novembre toujours, le Combat Team Brindle (86th Cavalry Reconnaissance Squadron et 1 compagnie du 15th TB) s’élance en tête du CC B et réussit à passer la Seille à Port-s/-Seille, avant d’arriver à l’ouest d’Alémont où un canon antichar allemand force la colonne à s’arrêter. Malheureusement, la boue et la pluie annihilent la vitesse des blindés américains.
Pendant ce temps, le 318th Infantry Regiment et des éléments d’infanterie portée de la 6th Armored chassent les derniers éléments ennemis des alentours de Nomény, permettant aux deux Combat Commands de Grow de passer sur la rive est de la Nied française en début de soirée. Le reste de la Division passe la rivière durant le lendemain.

– Le 10 novembre, la 80th Divsion avance rapidement, coopérant étroitement avec ses chars de soutien et couvrant plus de 7 km vers l’est. Alors décimée, les restes de la 48. ID refluent devant la « Blue Ridge ». Hermann Balck n’a alors rien à envoyer pour rétablir la situation, si ce n’est une partie de la 11. Panzer-Division qui a été scindée en plusieurs morceaux depuis son secteur de rassemblement de Morhange. De plus, toute une partie de la 11. PzD se trouve plus au sud afin de contenir la 4th Armored Division.
Du coup, le 318th Infantry Regiment du Colonel McVickar rencontre quelques troupes du Grenadier-Regiment 951 (361. VGD), jetés dans la bataille depuis le nord et qui retiennent un temps son avance. Toutefois, si la 80th Division effectue une bonne avance durant la journée, elle ne capture que 350 soldats allemands.

9 – La prise de Han-sur-Nied

– En revanche, l’attaque de la 6th Armored Division est rendue beaucoup plus compliquée en raison du peu de surface en dur de disponible pour permettre aux chars de manœuvrer. Une seule route peut y faire office, celle qui part de Pont-à-Mousson pour traverser Vigny et Luppy et arrive à Han-s/-Nie. Même si le CC Bdevait initialement longer la route de Han-s/-Nied par la droite, il est forcé de trouver d’autres chemins.
Malgré leurs difficultés, les Combat Commands de la 6th Armored obliquent vers le nord-est et viennent soutenir l’avance de l’aile droite du XXth Corps de Walker. Ils atteignent ensuite Luppy tenue par un détachement de la 11. Panzer qui défend la grand-route. Le CC A de Hines passe alors le reste de la journée à nettoyer le village. De son côté, le CC B s’emploie à nettoyer la route Vigny – Buchy, les Allemands s’étant alors retrancher dans les villages. Mais la situation se débloque grâce à l’arrivée des soldats du 2nd Infantry Regiment du Colonel Roffe (5th Division), qui contribuent à prendre les deux villages.

Le 11 novembre, la 6th Armored Division avance sur un front de 8, 5 km et arrive à 4,5 km de la NIed française. Avec l’aide de la 80th Division, elle réussit à nettoyer plusieurs secteurs clés. Le CC A de Hines est néanmoins bloqué par un important champ de mines à Béchy, bien tenu par des éléments de la « Götz von Berlichingen » appuyés par d’autres de la 48. ID. Deux heures sont nécessaires aux Américains pour dégager le secteur. Avec l’arrivée du 1/317th Infantry du Lt.Col. Sterling S. Burnette, le Colonel Hines combine les deux forces pour marcher vers le pont de Han-s/-Nied. Une colonne de fantassins, soutenus par un peloton de Sherman du 68th TB et 5 Half-tracks transportant des soldats du 9th Armored Infantry Battalion se lancent alors vers l’objectif. Les fantassins sur la route et les blindés dans les champs. Arrivés en vue de la Nied française, les Américains tombent sur des colonnes de véhicules allemands, certains tractant de l’artillerie. Un observateur, juché sur un char léger contacte alors les unités d’artillerie de soutien pour canonner les abords du pont. Hines ordonne alors de lancer un assaut immédiat. Mais les fantassins subissent un tir de barrage particulièrement violent. Les pertes sont sensibles mais les chars réussissent à passer le pont, suivis par les restes de la A Company du 1/317th Infantry. Pendant ce temps, l’artillerie de soutien s’en prend aux bouches à feu allemandes. Si celles-ci ne parviennent pas à détruire le pont, elles réussissent à gêner considérablement l’avance américaine. Vers 17h15, le Colonel Hines (blessé), lance une poignée d’hommes à travers le pont mais sans l’appui des chars afin de ne pas écraser les soldats blessés sur le pont. Finalement le pont est sécurisé après plusieurs heures de combat et à 21h30, le Colonel Lewis expédie ses 2nd et 3rdBattalions sur la rive gauche de la Nied pour attaquer le plateau au-delà de Han-s/-Nied.

– Le 11 novembre toujours, le Combat Team 68 d’Harold C. Davall (la colonne sud du CC A) et le 318th Infantry doivent se frayer un chemin sur des routes secondaires boueuses pour arriver sur la Nied française. Mais pendant la nuit, la colonne trouve un pont à Baudrecourt, 1,5 km au sud de Han-s/-Nied. Le pont est pris le lendemain par un assaut ne rencontrant qu’une très faible résistance. Mais ce succès ne contribue pas immédiatement à exploiter la prise du pont de Han, en raison du manque de troupes. Les pertes du 318th Infantry ont été telles dans les jours précédents que son 2nd Battalion ne peut aligner l’équivalent que d’une compagnie.
Le difficile succès de Han-s/-Nied va être exploité par son équivalent sur le flanc gauche de la 80th Divisionpar le Combat Command B du Colonel Read. Celui-ci frappe à l’est avec deux Combat teams avec le but de saisir les ponts sur la Nied française à Anverville et Remilly. Mais les Allemands sont bien plus vigilants dans ces deux secteurs qu’à Han-s/-Nied et les ponts sont détruits dès que les Américains démarrent leur avance. A Remilly, où doit déboucher le CT 50 de Wall, l’artillerie d’appui ouvre une « sérénade » autant pour commémorer l’armistice que pour des impératifs tactiques (Journal du CC B). Le Colonel Read obtient de Grow la permission de glisser son axe principal de progression plus au nord. Une petite unité de reconnaissance menée par le Lieutenant Frederick Titterington du 25th Armored Engineer Battalion, ouvre le chemin vers le nord à travers les lignes ennemies et trouve un pont encore intact près de Sanry-s/-Nied. Titterington mène alors un half-track de l’autre côté du pont, saute à terre avec une petite équipe pour couper les fils de mise à feu des explosifs. Cela permet alors aux fusiliers de tête du CT 15 du Lt.Col. Lagrew se rue sur le pont pour accrocher la rive droite, malgré un violent tir de l’artillerie ennemie.

– Le CC A de la 80th Division exploite de son côté la prise du pont de Han-s/-Nied le 12 novembre même. La nuit précédente, le 69th Tank Battalion (Lt.Col. Bedford Forrest) a été rattaché au CC A. Le CT de Forrest mène alors une attaque sur la route de Faulquemont. A Henry, 1,5 km à l’est de Han-s/-Nied, la colonne rencontre néanmoins une batterie de canons de 88 mm, soutenus par une infanterie lourdement armée. Après un dur combat de cinq heures, l’ennemi fini par se replier de la grand-route. Plus au sud, dans le triangle entre la Nied et la boucle de la Rotte, les Allemands tentent une dernière fois d’arrêter l’avancée américaine en attaquant à la jonction des 318th et 319th Infantry Regiments, mais doivent se replier lorsque le Combat Team 9 de Stablein débouche sur la Rotte par le nord avec infanterie portée et blindés. Pendant la nuit du 12 novembre, 3 ponts sont lancés sur la Rotte, permettant à l’infanterie et aux chars d’avancer vers Faulquemont.
Toutefois, au même moment, Eddy établit un nouveau plan d’opération consistant à prendre les points de passage sur la Sarre. Si nécessaire, l’objectif de la 6th Armored Division sera élargi au plateau au sud de Faulquemont, afin de permettre à la 35th Infantry Division d’avancer en force vers la Sarre.

– Mais l’avance de l’aile gauche du XIIth Corps commence à perdre son rythme en raison de la pluie et de la boue et les pertes ont été lourdes depuis le 8 novembre. Le ralentissement de la progression américaine permet aux Allemands d’acheminer des renforts, notamment la 36. Volks-Grenadier-Division du Generalmajor August Wellm. Son arrivée permet alors à Hermann Balck d’envisager un rétablissement de situation, suite au choc sui par la 1. Armee de von Knobbelsdorff. Le commandant du HG G – d’habitude optimiste – est alors très inquiet des conséquences pouvant être engendrées par l’effondrement de la 48. ID. Et rien ne peut laisser présager d’optimisme le 12 novembre : la brèche sur la Seille menace directement la principale voie de ravitaillement allemande au nord de la Lorraine, soit la  Han-s/-Nied – Faulquemont – Saint-Avold.
Balck ordonne alors à Hermann Priess de lancer son XIII. SS-Korps en contre-attaque afin de restaurer la ligne sur la Seille. Du coup, presque tout l’ensemble des effectifs du régiment motorisé de la 361. VGD se trouve détaché du LXXXIX. Armee-Korps afin d’aider les restes étrillés de la 48. ID à retenir les Américains. Le XIII. SS-Korps reçoit aussi le renfort d’éléments de la 21. PzD mais qui manquent cruellement de chars, la division ayant été malmenée par le 2e DB française à Baccarat. Pour l’heure, elle ne compte que 19 chars, 3 canons d’assaut et quatre bataillons lourds qui ne comptent plus que 70 hommes chacun.

– Lorsque la 21. PzD arrive dans le secteur de la 1. Armee, Balck l’envoie immédiatement contre la tête de pont formée à l’est de la Nied par la 6th Armored Division. Mais en même temps, la Colonne Lagrew élargit la tête de pont de Sanry le 12 novembre en poussant vers le nord, malgré la présence de canons antichars qui rend la progression plus difficile. Mais la coopération avec l’aile droite du 2nd Infantry Regiment (5th Division) permet de maintenir fermée la charnière avec le XXth Corps de Walker.
Le 13 novembre, alors que le CC B de la 6th Armored Division avance toujours depuis la Nied, les éléments de la 21. PzD surgissent de la Forêt de Remilly. Mais le Colonel Lagrew a pris ses précautions en envoyant le détachement de Cavalerie du Captaine James Bridges surveiller le secteur Bazoncourt – Berlize, avec chars légers, canons de 75 mm, canons automoteurs et chasseurs de chars M18 Hellcat (603rd TDB). Soudain,Panzer et grenadiers surgissent sur l’avant-poste tenu par Bridges. L’affrontement est violent, les Américains perdent 13 véhicules et une trentaine d’hommes. Mais l’effet de surprise ne fonctionnera pas et les Allemands sont forcés d’arrêté leur assaut entre Bazoncourt et Berlize.

– Toutefois, le 13 novembre, la principale force de Lagrew est bloquée par des obstacles routiers. Tard dans l’après-midi, Robert W. Grow ordonne au CC B de tourner la tête de pont de Sanry et d’obliquer au sud-est vers Herny. Le CC A continue son attaque vers Faulquemont avec l’aide du 317th Infantry Regiment, créant alors un saillant de 1,5 km de large et d’environ 4,5 de profondeur après toute une journée de durs combats. Le Major Milford F. Stablein, commandant du 9th Armored Infantry Battalion est tué dans l’assaut d’Arraincourt.
La 48. ID, réduite à moins d’un régiment et manquant totalement d’armes lourdes, trouve néanmoins l’énergie de se battre durement sur la route de Faulquemont mais les événements du 13 indiquent que la division est sur le point de s’écrouler définitivement.
Le soir du 13, Hermann Balck donne des ordres pour replier la 48. ID pour rejoindre la 559. VGD, elle aussi sévèrement secouée après les combats du secteur de Morhange.

– Tout indique alors que l’état de la 48. ID ne peut empêcher les Américains d’exploiter leur succès. Pour remédier à la situation, Hermann Priess rameute d’urgence la 36. VGD qui dispose ses trois régiments face à la 6th Armored et à la 80th Division. Ses canons antichars étant disposés le long de la route Han-s/-Nied – Faulquemont. Bien qu’étant réputé bon tacticien, August Wellm ne dispose pas d’assez de temps pour déployer sa division comme il le souhaiterait, devant parer au plus urgent.


10 – Le combat de Landroff

– Le 14 novembre, Manton S. Eddy donne de nouveaux ordres afin de continuer son attaque et prendre le plateau au sud de Faulquemont, tout en enjoignant McBride d’avancer moins rapidement afin de maintenir la liaison avec le XXth Corps de Walker et d’assurer la protection de l’aile gauche du XIIth Corps. Puisque le gros la 80th « Blue Ridge » n’a pas encore franchi la boucle de la Rotte, l’assaut sera confié au blindé. Déjà fortement engagé contre l’ennemi, le CC A doit attaquer sur la droite, à la Côte de Suisse (entre Landroff et Thicourt), afin de favoriser la progression de l’Infanterie sur Faulquemont. Le secteur est défendu par le Grenadier-Regiment 87 (Oberst Walter Fries). Toutefois, les forces de combat du CC B ne sont peuvent être rassemblés à l’est de la Nied avant 16h45.

– Le Colonel Hines, patron du CC A décide d’avancer en pointe le long de la route bordant la Rotte pour s’emparer de Landroff. Le matin du 14 novembre, le CT Davall (68th TB, 1 compagnie du 9th AIB et des chasseurs de chars) attaque le long de la rivière, prend Brulange et Suisse avant de pouvoir se lancer sur Landroff. Mais l’artillerie allemande donne de la voie en pilonnant la route à l’ouest de Landroff. Mais le CTfinit par prendre d’assaut la localité en fin de journée.
Craignant alors de voir son front s’écrouler rapidement, Priess ordonne à Wellm d’étendre le flanc gauche de sa 36. VGD. Wellm lance alors le I/Grenadier-Regiment 87 vers le sud-est depuis Eicheville, avec l’appui des pièces de l’Artillerie-Regiment 268. Le premier assaut sur Landroff, mené avec quelques canons d’assaut, réussit à atteindre le centre de la ville mais les Allemands en sont rejetés par une violente défense couplée à un tir de barrage. Des éléments d’infanterie américaine réussissent à créer un couloir entre Suisse et Landroff, forçant les Allemands encerclant Landroff à rebrousser chemin. Le tir de huit bataillons d’artillerie réduit les Allemands en pièce mais ne suffit pas à les chasser définitivement. Il faut attendre la nuit, marquée par un violent engagement au corps-à-corps, au pistolet-mitrailleur, au fusil, au bazooka et à la pelle de tranchée pour chasser les assaillants de la moitié sud du village. Le 15 novembre à 05h00 du matin, 1 compagnie du 319th Infantry parvient à rejoindre les défenseurs de Landroff et à chasser les Allemands de la moitié nord du village. 100 cadavres de soldats allemands sont retrouvés gisant dans les rues. Le CT du Lt.Colonel Harold C. Davall n’est toutefois plus en état de poursuivre l’offensive au vu de ses pertes et du manque de munitions. Mais il a définitivement sécurisé Landroff, permettant à d’autres unités d’attaque la Côte de Suisse défendue par le II/Grenadier-Regiment 87. L’assaut est alors mené par le Combat Team 44 du Lt.Colonel Brown et par 1 bataillon du 319th Infantry Regiment. La Côte de Suisse tombe à la fin de la journée et le II/GR 87 est quasiment exterminé.

– Le 16 novembre, le CC A, les 318th et 319th Infantry Regiments déclenchent une attaque très bien coordonnée sur Faulquemont et appuyée par le feu des chars, canons automoteurs et chasseurs de chars disposés sur la Côte de Suisse. La rapidité et la brutalité de l’attaque frappe violents les GR 87 et 118 considérablement affaiblis. Le CT Forrest s’empare de la Cote 337 en débusquant les Allemands de leurs trous individuels, pendant que le CT Brown prend Eincheville. Au bout de la journée, le CC A a envoyé 1 200 prisonniers dans les lignes du XIIth Corps (soit l’équivalent de presque tout un régiment allemand type 1944). La position de Faulquemont est définitivement verrouillée, empêchant alors toute contre-attaque allemande en direction de la Nied.

– Eddy ordonne alors à McBride et Grow d’arrêter leur avance et de faire prendre à leurs hommes une pause bien méritée, le temps de les approvisionner en couvertures et en vêtements secs, afin d’éviter l’accroissement des cas de grippes et de pneumonies.

[Suite]